L’Amazonie, jungle impénétrable et sauvage ? Ce n'est pas le portrait que dresse de cette vaste région de l'Amérique du Sud une étude parue le 3 mars dans la revue Science : les hommes, en effet, loin d'être étrangers à son développement, ont joué un rôle important et durable dans la diffusion des espèces végétales, influençant ainsi sa biodiversité.
En Amazonie, la domestication des plantes a commencé il y a plus de 8 000 ans. Pour mieux en comprendre les effets, une équipe internationale a analysé des échantillons prélevés sur 1170 parcelles forestières et plus de 4000 espèces végétales. Ils ont ainsi identifié 85 espèces connues pour avoir été partiellement ou entièrement domestiquées par des peuples précolombiens à des fins d'alimentation, d'habitat ou autres. 

Mieux : ils ont constaté que dans tout le bassin amazonien, ces espèces étaient cinq fois plus fréquentes que les espèces sauvages. La forêt tropicale actuelle est donc façonnée par les arbres cultivés par les peuples autochtones il y a des milliers d’années. Abondantes aujourd'hui, certaines espèces telles que le cacao, l’açaï et la noix du Brésil ont probablement été plantées bien avant l’arrivée des colons européens.
Les chercheurs ont en outre rapproché ces données d'une carte répertoriant plus de 3000 sites archéologiques, dont certains récemment découverts au plus profond de la forêt. Résultat : les espèces domestiquées les plus communes et les plus diversifiées se trouvent concentrées dans les forêts proches de ces sites.