Le cheveu devient bavard
Une nouvelle méthode d’analyse du cheveu permet de livrer des éléments sur le mode de vie de son propriétaire, des informations potentiellement bien utiles à la police scientifique pour résoudre des enquêtes.
Véronique Marsollier - Publié le
Les cheveux prélevés sur les scènes de crime sont rarement utilisés par les enquêteurs, car l’analyse génétique – par ailleurs couramment utilisée par la police scientifique – s’avère en la matière décevante. Mais une nouvelle technique d’analyse pourrait changer la donne.
Difficile à prélever, l’ADN d’un cheveu ne fournit, en outre, que le profil génétique d’un suspect ou d’une victime, sans rien révéler de ce que peut être son mode de vie. Pour que les policiers puissent avoir accès à ce type d’informations, utiles à la résolution d’une enquête, une équipe de chimistes américains de l’université de Virginie-Occidentale a mis au point une méthode basée sur la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse. Celle-ci mesure le rapport des isotopes — atomes du même élément ayant un nombre différent de neutrons — dans 21 acides aminés présents dans la kératine, constituant principal du cheveu. Les résultats ont été présentés le 4 avril 2017, lors de la 253e Convention nationale de la Société américaine de chimie (American Chemical Society ou ACS).
Cette vidéo retrace (en anglais) la démarche suivie par les chercheurs pour mettre au point leur nouvelle technique d’analyse du cheveu. © Société américaine de chimie (ACS)
L’équipe a pu identifier quinze mesures du ratio isotopique pouvant fournir des informations cruciales sur certaines habitudes de vie des individus, telles que le poids, l’alimentation ou l’activité physique. Ensuite, pour tester la justesse de ces mesures, les chercheurs ont recueilli les échantillons capillaires de 20 femmes. Ils sont parvenus à prédire l’indice de masse corporelle d’un sujet avec une précision de 80 %. Ce résultat confirme une étude similaire de la même équipe réalisée sur 20 Américains des deux sexes, qui identifiait avec une précision de 90 % le sexe du donneur.
Facile à mettre en place, cette méthode prometteuse doit encore être affinée pour pouvoir être utilisée dans les laboratoires de la police scientifique en complément des analyses d'ADN.