Voyager à travers l’espace pose un problème insoluble. Si l’on veut voyager loin et longtemps, il faut emporter une plus grande quantité de carburant. Cela implique de concevoir des vaisseaux plus grands et plus lourds… nécessitant donc encore plus de carburant !

Moteur électromagnétique

A moins de défier les lois de la physique newtonienne. C'est ce que propose un ingénieur britannique, Roger Shawyer, avec son système de propulsion sans carburant baptisé « EmDrive » : drive pour « moteur », Em pour « électromagnétique ». Concrètement, il s’agit d’un appareil produisant un rayonnement micro-onde à l’intérieur d’une cavité en forme de cône offrant deux surfaces réflectives de superficies différentes. L’appareil est censé se déplacer en direction de sa surface la plus grande. 

Roger Shawyer explique le principe de son invention (en anglais).
La poussée attendue est très faible, quelques milli-newtons, mais elle a l’avantage d’être continue, ce qui permettrait à un vaisseau de gagner la planète Mars en seulement 70 jours. Elle n’aurait besoin pour fonctionner que d’électricité fournie par des panneaux solaires ou par une pile nucléaire.

L’idée est intéressante, mais jusqu’à présent, il n’était pas démontré que le procédé fonctionnait, d’autant que d’un point de vue scientifique, cette approche viole l’une des lois de la physique newtonienne : celle de la conservation de la quantité de mouvement. Le rayonnement micro-onde est en effet confiné dans sa boîte, et il n’y a aucune raison rationnelle pour que l’ensemble se déplace.

Première publication scientifique

Malgré cela, depuis deux ans, une équipe de la Nasa – le laboratoire Eagleworks – s’est intéressée au procédé. Et dans la revue Journal of Propulsion and Power, elle vient tout juste de présenter le résultat de ses expériences. Avec 80 kilowatts de puissance, les chercheurs ont obtenu une poussée d’environ 70 milli-newtons. C’est faible, mais finalement assez comparable à la poussée des moteurs à plasma qui équipent déjà certaines sondes spatiales.
Il n’est pas exclu, toutefois, que les chercheurs aient été confrontés à des erreurs de mesure. Ces résultats doivent donc encore être confirmés.