À l’instar des humains, de nombreux animaux ont été embaumés par les Égyptiens. Mais en 2016, une campagne de numérisation des collections égyptiennes du musée de Maidstone, au Royaume-Uni, révèle le contenu inattendu d’un cartonnage à l’effigie d’un faucon, daté de 2100 av. JC. Il s’agit non pas d’un oiseau, comme l’imaginaient les experts, mais d’un fœtus humain ! Leur découverte a été présentée lors d’un Congrès mondial sur les momies, qui a eu lieu dans les îles Canaries, en Espagne, du 21 au 25 mai 2018. 
Pour obtenir plus de détails sans risquer d’endommager la petite momie, une tomodensitométrie à très haute résolution a été réalisée avec l’aide de la société Nikon Metrology (Royaume-Uni). Une équipe interdisciplinaire d’une douzaine de spécialistes, emmenée par Andrew Nelson, expert en bioarchéologie et anthropologie de l’université Western Ontario (Canada), est chargée d’examiner et d'interpréter les images obtenues. La surprise est de taille.
Les images révèlent des orteils et des doigts bien développés, mais un crâne avec de graves malformations. De sexe masculin, le fœtus, mort-né à 23-28 semaines de gestation, n’avait probablement pas de cerveau. Les scientifiques supposent qu’il s’agit d’une malformation congénitale rare du système nerveux central : l’anencéphalie.

Dans l'Égypte ancienne, les fœtus étaient considérés comme des talismans. À cet effet, ils pouvaient être enterrés dans des pots, sous le plancher des maisons. Mais très peu ont été momifiés : à ce jour, on en connaît seulement huit. Et on a découvert que deux momies anencéphales à ce jour, l’autre ayant été décrite en 1826 par le zoologue français Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.
Les chercheurs imaginent que ce fœtus à l'apparence tellement étrange a peut-être été embaumé pour répondre à des croyances magiques particulières. Quant à la signification exacte du cartonnage et des symboles peints qui l’ornent, elle reste à élucider.