Chez les humains, les inégalités de santé liées au statut social résultent en partie des différences de ressources et des comportements à risques. Il en découle par exemple qu’un cadre supérieur a une espérance de vie plus élevée de six ans que celle d’un ouvrier. Mais ces inégalités pourraient-elles aussi se traduire par un déterminant biologique ?
Pour tester cette hypothèse, des chercheurs canadiens et américains ont étudié un groupe de 45 macaques rhésus élevés en captivité. Lorsqu’ils vivent ensemble, ces singes occupent des rangs hiérarchiques bien définis. Mais ces rangs ne sont pas immuables : quand on introduit un nouveau singe dans le groupe, un nouvel équilibre s’établit. Les chercheurs peuvent alors étudier les conséquences de ces changements sur la biologie des macaques.

En analysant le sang des individus au cours des différentes expériences, les chercheurs ont ainsi pu constater que les femelles de haut rang possèdent un niveau plus élevé de lymphocytes T (cellules qui permettent notamment de lutter contre les infections virales) que les femelles à faible statut. Mais les individus de faible rang ne sont pas complètement perdants dans l’affaire : moins parés contre les virus, ils présentent en revanche une meilleure résistance aux infections bactériennes.
Pour expliquer ces différences, les chercheurs avancent dans la revue Science du 25 novembre que le stress résultant de la subordination sociale agit directement sur certains gènes liés au système immunitaire.

Les macaques étant biologiquement très proches des humains, il serait intéressant de savoir si, chez nous aussi, le statut social agit directement sur le système immunitaire.