Moins espacer ses repas pour maigrir sans se priver ?
Prendre tous ses repas entre 8 et 17 heures serait-il meilleur pour la santé que de les étaler sur une plus grande amplitude horaire ? C’est ce que suggère une étude américaine réalisée sur des souris : cholestérol, diabète et obésité peuvent être limités en réduisant la plage horaire quotidienne durant laquelle ces rongeurs se nourrissent, plutôt qu’en rééquilibrant leur alimentation.
Roxane Tchernia - Publié le
Pourrait-on limiter cholestérol, diabète et surpoids en réduisant simplement l’intervalle de temps pendant lequel nous nous nourrissons ? C’est ce que suggère une expérimentation menée sur des souris par des chercheurs de l’Institut Salk, en Californie. Publiée le 2 décembre 2014 dans le journal Cell Metabolism, cette étude montre que les rongeurs n’ayant accès à de la nourriture que pendant 9 heures d'affilée sont en meilleure santé et plus minces que ceux ayant eu en permanence des aliments à disposition.
En 2012, le professeur Satchidananda Panda, l’un des auteurs de l’étude, avait déjà mis en évidence ce phénomène. Mais cette nouvelle expérience va plus loin, puisqu’elle tient compte de la variation de paramètres supplémentaires : poids des individus, régime sain ou riche, durée de la période d’alimentation…
Efficace pour une alimentation riche
Pour ce faire, l’équipe de l’institut Salk a séparé 392 souris mâles, de poids variable, en deux groupes : l’un avait constamment de la nourriture à disposition, l’autre pendant un nombre d’heures limité – 9, 12 ou 15 heures par jour. Certains animaux ont par ailleurs reçu une alimentation enrichie en fructose – sucre considéré comme un facteur d’augmentation de l’obésité. Enfin, des régimes alimentaires de valeur calorique variable ont été administrés à différents groupes d’animaux.
Au bout de 12 semaines, la prise de poids des animaux nourris avec une alimentation riche en fructose était équivalente à celle des individus témoins. En revanche, parmi les souris ayant surtout ingéré du saccharose et des graisses, celles n’ayant pu se nourrir que 9 heures par jour avaient pris moitié moins de poids que celles du groupe « buffet à volonté ».
Ce dispositif « d’alimentation condensée sur une période réduite » (ou TRF pour time-restricted feeding) a des répercussions particulièrement notables pour les rongeurs soumis à un régime essentiellement composé de lipides : ceux se nourrissant sans contrainte ont grossi de 65 %, contre 26 % pour ceux soumis à un TRF de 9 heures.
De fait, les bénéfices de l’alimentation réduite dans le temps se vérifient pour des périodes de 8 et 12 heures – moins pour l’intervalle plus large de 15 heures. « La prise alimentaire avec restriction dans le temps est efficace pour des souris obèses, efficace pour différents régimes et efficace pour plusieurs limites temporelles », souligne Amandine Chaix, un des auteurs de l’étude.
Restriction en semaine, dispense le week-end
Pour étudier l’impact à long terme du TRF, les chercheurs ont offert à certaines souris deux jours de répit. Pendant la semaine, elles se nourrissaient sur 9, 12 ou 15 heures, mais le week-end, les aliments étaient constamment disponibles. Comme ces rongeurs avaient réduit leur masse grasse grâce au rythme suivi en semaine, leur état physique s’est, au final, révélé comparable à celui des animaux constamment soumis au TRF. L’interruption temporaire de ce régime n’a donc pas affecté ses effets positifs à moyen terme.
Autre résultat étonnant, les souris devenues obèses après avoir été nourries avec un régime riche en graisses ont perdu 5 % de leur poids en quelques jours, par la simple réduction de leur intervalle de prise alimentaire à 9 heures. Et ce, pour un apport calorique identique ! Leurs taux de sucre sanguin et de cholestérol ont également diminué. « C’est une orientation thérapeutique à fort potentiel pour la réduction du surpoids et l’inversion partielle de l’obésité », estime Satchidananda Panda.
Reste à déterminer si ces résultats seront aussi valables pour l’Homme. Et si oui, dans quelle mesure : certes, raccourcir sa « fenêtre alimentaire » peut être plus facile que suivre les régimes recommandés par les spécialistes, mais cumuler l’ensemble de ses repas en huit heures seulement semble incompatible avec nos modes de vie actuels.