Néonicotinoïdes, tueurs d’abeilles
Une nouvelle étude américaine confirme de manière incontestable les effets délétères des néonicotinoïdes sur les abeilles.
Barbara Vignaux - Publié le
Leur surnom de « tueurs d’abeilles » est bel et bien mérité : les insecticides néonicotinoïdes sont en effet très dangereux pour les abeilles. C’est ce qu'a confirmé une étude américaine publiée dans la revue Science le 30 juin et réalisée dans les conditions réelles d’utilisation de ces produits chimiques.
Bien des études ont déjà montré l’effet délétère des néonicotinoïdes sur les abeilles. Mais leurs partisans mettent en avant le fait que ces études s’appuient sur des doses d’insecticides supérieures à celles réellement utilisées dans les champs, et pour des durées bien plus longues.
Un quart de vie en moins
Cet argument n’est désormais plus tenable. En effet, l’étude réalisée par des biologistes de l’université York, au Canada, s’est déroulée directement sur le terrain et durant cinq mois, de mai à septembre, la période la plus active pour les abeilles. Elle a porté sur cinq ruchers situés près de champs de maïs et de soja traités aux néonicotinoïdes et sur six ruchers éloignés de toute culture agricole.
Premier constat : les abeilles habitant près des champs cultivés sont bel et bien exposées à de hautes doses de néonicotinoïdes. Et ce, durant trois à quatre mois, une durée supérieure à celle estimée auparavant. Toutefois, le pollen contaminé aux néonicotinoïdes ne provient pas directement du maïs, ni du soja, mais d’autres plantes à proximité, prisées des abeilles. Comme ces insecticides sont solubles dans l’eau, ils contaminent l’environnement.
Dans cette vidéo (en anglais), le professeur Amro Zayed, de l'université York, présente les deux phases de l'étude : observation sur le terrain des conditions réelles d'exposition aux néonicotinoïdes dans deux environnements différents, puis simulation de ces mêmes conditions en laboratoire (exposition identique pour une durée similaire). Il expose également les résultats de ce travail, notamment le raccourcissement significatif de la durée de vie des abeilles ouvrières.
Pour aller plus loin, les chercheurs ont reproduit en laboratoire les conditions réelles d’exposition observées sur le terrain. Résultat : les abeilles ouvrières exposées aux néonicotinoïdes ne vivent en moyenne que trois semaines au lieu de quatre, soit près d’un quart de vie en moins.
De ce côté-ci de l’Atlantique, la législation européenne s’achemine vers l’interdiction de trois néonicotinoïdes. La France, elle, s’est engagée à interdire l’usage des sept molécules de cette famille à partir de septembre 2018. Cet engagement pris dans le cadre de la loi sur la biodiversité été confirmé le 26 juin par le chef du gouvernement.