L'embouchure du Tibre Le port d’Ostie assurait à Rome un débouché sur la mer, permettait son ravitaillement en blé et en sel, et empêchait les flottes ennemies de remonter le Tibre. © CNRS

Entre les IVe et IIe siècles avant J.-C., le port d’Ostie, situé à l’embouchure du Tibre, était une plaque tournante du commerce romain. Selon les textes anciens, il avait été fondé pour donner à Rome un débouché sur la mer, assurer son ravitaillement en blé et en sel et empêcher une flotte ennemie de remonter le Tibre. La cité d’Ostie, quant à elle, a laissé de nombreux vestiges, y compris de grands monuments et des voies de circulation, mais l’emplacement exact du port restait inconnu. Et ce, malgré de multiples tentatives de localisation depuis la Renaissance déjà.

Un véritable port maritime

Un carottier plus performant C'est grâce à ce nouvel instrument géologique que le site de l'ancien port de Rome a pu être identifié avec certitude. © CNRS

C’est grâce à un nouveau carottier géologique qu’une équipe franco-italienne vient d’identifier l’emplacement du port, au nord de la cité antique. Bénéficiant de progrès technologiques récents, ces carottages ont pu descendre à douze mètres de profondeur, surmontant ainsi la difficulté antérieure : les fouilles technologiques traditionnelles étaient entravées par la nappe d’eau phréatique, à deux mètres seulement du sol.

Les carottes sédimentaires obtenues ont mis au jour une stratigraphie riche en informations. Elles montrent que le bassin du port, profond de six mètres dès son entrée en service, permettait d’accueillir de grands navires. Ostie n’était donc pas un port fluvial modeste, réservé à des bateaux à faible tirant d’eau, mais un véritable port maritime. Datées au carbone 14, les strates plus récentes racontent l’histoire d’un déclin : à partir du IIe siècle avant notre ère, une succession de crues majeures du Tibre comble le bassin. Une vingtaine de décennies plus tard, le bassin ne compte plus qu’un mètre de profondeur et doit être abandonné.

De nombreux vestiges La ville d'Ostie a laissé de nombreux vestiges, monuments et voies de circulation notamment. © CNRS

Entre cet abandon et le début des opérations de construction d’un nouveau complexe portuaire, Portus, à trois kilomètres au nord de l’embouchure du Tibre, s’écoulent près de 25 années. Comment la capitale du monde antique a-t-elle été ravitaillée durant cette période ? C’est la nouvelle question à laquelle les chercheurs devront désormais s’efforcer d’apporter une réponse.