Philae sur la comète Tchouri !
Au terme d'une descente de sept heures, le module Philae de la sonde européenne Rosetta s'est bel et bien posé sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko. Récit de cet événement exceptionnel qui s'est déroulé à près de 600 millions de kilomètres...
Science Actualités - Publié le
Après un voyage de dix ans et trois mois en orbite autour de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, la sonde Rosetta a largué Philae le 12 novembre à 10 heures. À l'issue d'une descente de près de sept heures, l’atterrissage a finalement été confirmé aux alentours de 17 heures, et ce malgré la conformation très inégale du sol de la comète et la non-activation du propulseur de gaz froid qui devait aider le module à s'arrimer à la surface. Une autre anomalie a été signalée peu de temps après : les deux harpons prévus n’ont pas été tirés. Sans eux, le module Philae n’est pas rattaché au sol et rien ne l’empêche de rebondir. De fait, l’Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé le lendemain matin que l’atterrisseur avait effectivement accompli deux rebonds, l’un de presque deux heures et l’autre d’environ sept minutes.
Une première image de la surface de la comète, reçue vers 11 heures le 13 novembre, montre que Philae est désormais bien posé sur la surface. Il est même immobilisé. Ses deux sauts l’ont cependant fait se déplacer de près d’un kilomètre par rapport à l’endroit où il a atterri la première fois. Sa localisation exacte doit encore être déterminée. Philae est maintenant bloqué contre la paroi d’une falaise, dans une position qui est loin d’être idéale : seuls deux de ses pieds reposent sur le sol, le troisième n'étant pas en appui. Les opérations de récolte de données scientifiques qui, comme le forage, nécessitent un mouvement ou qui ont une action sur la surface ont été déclenchées en dernier, car elles risquaient de provoquer une nouvelle envolée de Philae, celui-ci n’étant pas fixé à la comète.
Si tout ne s’est pas passé comme prévu, cette mission n’en est pas moins un succès. Les dix instruments embarqués ont été déployés et ont fonctionné, à l’exception du capteur d’analyse APXS, fournissant ainsi de précieuses informations aux scientifiques.
Peu de lumière pour les panneaux solaires
Comme prévu, une batterie a alimenté Philae en énergie durant les 60 heures suivant sa séparation avec Rosetta – une durée calculée pour permettre à tous les instruments de fonctionner au moins une fois. En théorie, les panneaux solaires devaient prendre le relais afin d’assurer son approvisionnement énergétique. Or Philae se trouve actuellement dans une zone rocheuse très sombre, ensoleillée une heure et demie seulement toutes les douze heures, contre sept heures sur le site prévu pour son stationnement. À cette première difficulté s’ajoute le fait que certains panneaux semblent avoir été abîmés. Les responsables de la mission ont fait effectuer une rotation de 35° à Philae afin de lui donner une orientation plus favorable au rechargement solaire mais cela n’a pas suffi : l’atterrisseur s’est mis en mode veille une fois la batterie à plat.
Par chance, Philae a pu utiliser ses ultimes réserves énergétiques pour commencer à forer la surface de la comète dans la nuit du 13 au 14 novembre. La communication avec Rosetta, temporairement interrompue, a repris dans la soirée du 14. Les équipes au sol ont ainsi pu télécharger les dernières données acquises par le module. Peu après, à 1 heure 26 du matin, le contact a été perdu. Philae ne pourra se réveiller que si ses panneaux solaires captent suffisamment d’énergie, ce qui pourrait arriver quand la comète sera plus proche du Soleil.
Pour faire le point sur les objectifs et les enjeux scientifiques de cette mission hors du commun, rendez-vous sur notre dossier multimédia.
Réactions à chaud et premières images de Philae sur la comète
Récit de la journée du 12 novembre 2014
20h00. Les scientifiques continuent de recevoir au fur et à mesure des données en provenance de Philae. Pour le premier panorama de la surface de Tchouri, il faudra attendre encore un peu.
18h15. Pour le président de la République, François Hollande, cet événement représente « une avancée considérable pour la conquête spatiale ». L'atterrissage de Philae sur une comète crée un nouveau rêve « qui doit être transmis à toutes les générations », pour se convaincre qu'il existe encore « d’autres limites à repousser ».
18h40. Image prise par l'instrument Rolis à bord de Philae à 14h38. À ce stade de la descente, le module était à environ 3 kilomètres de la surface de la comète.
17h09. L'atterrissage de Philae sur la surface de la comète est confirmé !
15h59. C'est au tour de Rosetta de tirer le portrait de Philae.
15h30. Philae nous révèle la première image réalisée au moment de la séparation ! On aperçoit les panneaux solaires de Rosetta.
14h25. Réception des premières images et données scientifiques transmises par Philae !
12h26. L’ESA confirme le déploiement du train d’atterrissage de Philae.
12h07. Reprise de la communication avec Philae. Après quelques manœuvres post-largage, l’atterrisseur a rétabli la connexion avec la sonde Rosetta. Elle est l'indispensable intermédiaire qui permet l'échange d'informations entre Philae et la Terre.
10h20. Le contact est interrompu successivement avec Philae puis avec Rosetta. Aucune anomalie en perspective. Cette perte de contact est due aux manœuvres en cours. Philae doit en profiter pour réaliser quelques photos.
10h00. L'atterrisseur Philae se sépare de la sonde Rosetta et entame sa longue descente - près de sept heures - vers la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko.
9h00. L'ESA confirme le feu vert mais mentionne un premier incident technique. Le système de descente active qui fournit une poussée au moment de l'atterrissage et évite au module de rebondir sur la comète n'a pas pu être activé. Cela ne compromet pas forcément l'atterrissage de Philae mais va rendre cette manœuvre plus délicate, en particulier si le sol n'est pas droit.
L'événement a été suivi en direct à la Cité des Sciences: