Grâce à une nouvelle technique d’exploration anatomique, des chercheurs français de l’Institut de la vision (Inserm/UPMC/CNRS) et du Centre de recherche Jean-Pierre Aubert (Inserm/Université de Lille) ont réussi à reconstituer des embryons humains âgés de six à quatorze semaines. Rapportée dans la revue Cell du 23 mars 2017, c’est une amélioration très significative par rapport à ce qui existait jusqu’à présent : des dessins réalisés à partir de coupes de tissus observées au microscope ou des moulages en cire.

Pour parvenir à ce résultat, ces chercheurs ont utilisé des tissus embryonnaires et combiné trois techniques existantes. La première est l’immunofluorescence qui, grâce à des anticorps fluorescents, permet de localiser certaines cellules. La deuxième est la clarification des tissus : mise au point chez la souris en 2011, elle rend les tissus transparents et permet ainsi de visualiser les signaux fluorescents. Troisième étape, l’observation au microscope à feuille de lumière : cet instrument scanne les échantillons transparents et photographie tous les plans à des intervalles de deux micromètres. Pour terminer, un programme informatique a reconstitué les organes observés en 3D.

Ces images confirment les données connues en embryologie. Mais le niveau de détails obtenu est inédit avec, par exemple, la distinction pour la première fois entre les nerfs sensitifs et les nerfs moteurs. Ce travail a par ailleurs réservé quelques surprises aux chercheurs, telles que la variabilité de l’arborescence nerveuse au niveau des mains. Le développement des petites innervations périphériques s’est en effet révélé assez aléatoire entre les mains gauche et droite d’un même individu, et entre les individus. 
Si vous voulez voir ces images et vidéos, en libre accès, rien de plus simple : rendez-vous sur le site dédié. Voilà pour le volet didactique du projet. Côté clinique, cet atlas 3D de l’embryon humain devrait intéresser les chirurgiens qui opèrent in utero