Pollution au diesel : des effets sur deux générations
Une étude scientifique montre que les nanoparticules issues de moteurs diesel sont capables de franchir la barrière placentaire, entraînant des problèmes de gestation jusqu’à la deuxième génération.
Olivier Boulanger - Publié le
En 2013, une étude épidémiologique montrait que les femmes enceintes exposées aux particules fines telles que celles produites par le diesel avaient plus de risques d’avoir un bébé de faible poids. Les premiers résultats d’un projet de recherche coordonné par l’Inra confirment l’effet délétère de ces nanoparticules sur la gestation. Les chercheurs ont suivi des lapines gestantes ayant inhalé des gaz d’échappement de moteur diesel filtrés (contenant donc seulement des nanoparticules) à des niveaux proches de l’exposition observée lors d’un pic de pollution dans les grandes villes européennes. Dès la moitié de la gestation, les fœtus ont présenté un retard de croissance. Et à terme, les lapereaux avaient une tête plus courte ainsi qu’un tour de taille réduit : des résultats comparables à ceux observés chez l’humain.
Barrière placentaire franchie
Les échographies mettent en évidence une forte diminution de l’apport sanguin au niveau du placenta, réduisant l’apport de nutriments au fœtus. L’examen au microscope électronique montre en effet que les nanoparticules s’accumulent sur la membrane microvilleuse du placenta – la zone d’échange entre la mère et le fœtus –, et qu’elles se retrouvent non seulement dans le placenta lui-même, mais également dans le sang du fœtus.
Plus inquiétants encore, les effets se transmettent à la génération suivante. Les lapines nées de mères exposées ont en effet été accouplées à l’âge adulte à des mâles non exposés. Aucune anomalie de croissance n’a été constatée chez les fœtus, mais les chercheurs ont observé des dysfonctionnements dans les échanges de lipides entre la mère et le fœtus, montrant que l’exposition aux particules issues du diesel a des répercussions sur au moins deux générations.