Premiers enseignements d’Elfe sur l’enfance
Un enfant sur cinquante né en 2011 appartient à la grande cohorte appelée Elfe, destinée à explorer les conditions de vie des petits Français jusqu'à leurs vingt ans. Les premiers résultats viennent d'être rendus publics.
Julie Lacaze - Publié le
La grande enquête épidémiologique Elfe (pour « étude longitudinale française depuis l’enfance ») a été lancée en 2011 afin d'observer les conditions de vie des enfants au cours de leurs vingt premières années d’existence. Les données récoltées en début d’étude sur les 18 000 nouveau-nés de la cohorte viennent d’être dévoilées. Hausse du taux d’allaitement, surexposition à certains allergènes, mais aussi préférence des parents sur le sexe de l’enfant à naître sont les principales informations d’ores et déjà disponibles.
Une unité mixte Ined-Inserm-EFS
Organisée par « Elfe », l’unité mixte Ined-Inserm-EFS (établissement français du sang), l’étude de la cohorte du même nom est assurée par une quinzaine de chercheurs responsables de thématiques spécifiques ainsi que de groupes spécialisés ad hoc. Au total, plus de soixante équipes de recherche y collaborent à un titre ou un autre. En outre, la participation à la cohorte Elfe a été proposée à 344 maternités tirées au sort et représentatives des 540 maternités en service dans l’hexagone. Les relations avec les maternités et les professionnels de santé sont assurées par une équipe de 30 référents régionaux, qui ont encadré près de 900 enquêteurs en maternité.
Deux tiers des nourrissons allaités
L’information majeure dévoilée par l’étude Elfe concerne le taux d’allaitement actuel : il s’élève à 70,5 %. Les campagnes de promotion lancées dans les années 1970 afin de favoriser le recours au lait maternel semblent donc avoir porté leurs fruits, puisque l’objectif de 70 % d’enfants allaités est aujourd’hui atteint, loin devant le lait en poudre. Reste que la surcharge pondérale, le faible niveau d’éducation et le tabagisme de certaines mères freinent encore le recours à l’allaitement, selon les premières analyses d’Elfe.
Par ailleurs, les 3 000 capteurs à poussières placés dans la chambre des enfants de la cohorte durant les deux premiers mois de leur existence a permis de distinguer six profils de contaminations, essentiellement composées de bactéries, moisissures et acariens. Reste à savoir si ces contaminants, favorisés par l’augmentation des températures et du taux d’humidité de l’air, sont responsables du développement des maladies respiratoires et de l’asthme chez les jeunes enfants. Des études de corrélation entre la fréquence de ces maladies et la présence de ces contaminants sont en cours ; les résultats seront dévoilés prochainement.
Garçon ou fille ? Pas de préférence
Soixante pour cent des parents n’expriment pas de préférence quant au sexe de leur futur enfant... lorsqu’il s’agit du premier. Pour les autres, la préférence est conditionnée par le sexe de l’enfant précédent, car les parents souhaitent des fratries fille-garçon mélangées. Ces données n’ont rien d’anecdotique, au contraire : elles sont le signe d’un changement important des mentalités en faveur de l’égalité de traitement entre enfants des deux sexes.
En attendant l’analyse des autres données recueillies pendant la première phase d’enquête, notamment sur les niveaux d’exposition aux polluants et aux perturbateurs endocriniens, une nouvelle phase d'Elfe est en cours de lancement, les enfants de la cohorte étant désormais âgés de trois ans et demi. Outre les données relatives à leur santé, les nouvelles informations porteront sur l’éducation et l’entrée en école maternelle.