L’Antarctique – et l’océan austral qui l’encercle – jouent un rôle clé dans l'évolution et l'équilibre du climat mondial. Immense puits de carbone, acteur phare de la circulation océanique, la région est attentivement observée par les scientifiques, soucieux de mieux en comprendre les mécanismes. C'est ce à quoi s'est employé une expédition d’envergure lancée par l'Institut polaire suisse.
En ralliant Le Cap, en Afrique du Sud, dimanche 19 mars, l'expédition ACE (pour Antarctic Circumnavigation Expedition) vient de boucler son voyage de trois mois autour du continent blanc. Elle a permis à plus de 150 chercheurs transportés par le brise-glace russe Akademik Treshnikov de mener à bien 22 projets dans des domaines aussi variés que l’océanographie, la climatologie ou la biologie. 
Si l’objectif est commun à de nombreuses expéditions scientifiques menées dans la région — mesurer l’impact du changement climatique —, les données recueillies en une seule boucle et durant une saison entière constituent une première. Très diverses, elles offrent une image complète de l’Antarctique et de l’océan austral. Elles concernent aussi bien les particules présentes dans l’air et les échanges chimiques entre l’océan et l’atmosphère que la faune et la flore des environnements extrêmes ou encore le phytoplancton – base de la chaîne alimentaire –, la présence de micro-plastiques dans les eaux polaires ou l’influence des vagues sur la formation des glaces. 

Mais l’aventure est loin d’être terminée : il faut dorénavant analyser cette masse de données ! Les chercheurs se donnent deux ans pour publier les premiers résultats, qui seront ensuite mis librement à disposition de la communauté scientifique.