L’Homme semble s’être séparé des australopithèques il y a 3 millions d’années. Les australopithèques, quant à eux, se seraient séparés des ancêtres des chimpanzés il y a 6 à 8 millions d’années. Mais qu’en était-il avant cette époque ? L'hypothèse communément admise est qu’il faut remonter à 15 millions d’années pour voir se séparer les lignées qui ont donné naissance aux différentes espèces de grands singes. Mais où et quand ces espèces se sont individualisées, nous l'ignorons, faute de fossiles bien conservés.
Au Kenya, une équipe de paléontologues vient de faire progresser les connaissances des racines de notre arbre généalogique. La pièce du puzzle qu’ils ont découverte ? En fouillant non loin du lac Turkana, ils ont trouvé un crâne de petite taille extrêmement bien conservé datant de 13 millions d'années, alors que les fossiles de cette époque se résument bien souvent à quelques dents abîmées.

L'ancêtre des singes ?

Ce crâne, qui appartenait à un singe mort à l'âge de seize mois, a été étudié en détail durant trois ans, et les premiers résultats de l'étude ont été publiés le 9 août dans la revue Nature. Le crâne a notamment été analysé au synchrotron de Grenoble, ce qui a permis d'en dresser des images en trois dimensions. Extérieurement, il ressemble à celui d’un gibbon, mais l’analyse des os de l’oreille interne montre que l’animal ne se suspendait pas dans les arbres à la manière de ces grand singes asiatiques. Son oreille interne, en effet, est proche de celle des grands singes actuels, beaucoup moins arboricoles que les gibbons.
Baptisé Nyanzapithecus alesi, cet animal serait donc un singe proche de l’ancêtre de tous les grands singes. D'où l'intérêt de l'étude de ce crâne remarquablement bien conservé, qui va d'ailleurs se poursuivre afin de connaître la structure du cerveau de l’animal et d’en savoir davantage sur son mode de vie.