Un oiseau imitateur et voleur
Le rusé drongo, un passereau noir vivant en Afrique, imite les cris d’alerte d’autres oiseaux pour les faire fuir et récupérer par la même occasion leur nourriture. C’est ce qu’ont observé des chercheurs australiens et britanniques dans le désert du Kalahari, en Afrique du sud.
Olivier Boulanger - Publié le
Du perroquet au mainate, certains oiseaux ont de sérieux talents d’imitation. Le drongo, un passereau noir vivant en Afrique, est également doué pour les langues. Mais il utilise ses talents pour commettre quelques mauvais larcins : il imite les cris d’alerte des autres espèces pour les faire fuir et récupérer ainsi leur nourriture.
Dans le désert du Kalahari, en Afrique du Sud, une équipe mêlant des chercheurs australiens, britanniques et sud-africains, a ainsi observé 64 drongos en train de commettre leur délit. Leur étude est développée dans un article paru dans la revue Science daté du 2 mai 2014.
Les drongos commencent par tourner auprès de leurs victimes, en particulier des cratéropes bicolores dont ils partagent les mêmes goûts culinaires. En toute honnêteté, dès qu’ils aperçoivent un prédateur, les drongos lancent des cris d’alarme dans la langue des cratéropes :
Mais très vite, ils poussent les mêmes cris dès qu’ils aperçoivent une de leur cible près d’un bon repas, des insectes en l’occurrence. Le cratérope s’envole alors aussitôt en laissant sa pitance au drongo. Durant près de 850 heures, les scientifiques ont ainsi pu observer pas moins de 688 tentatives de vol de nourritures.
Mais un mensonge répété aurait très vite fait d’être découvert. Et pour éviter cet écueil, les drongos sont capables de varier leurs cris d’alerte. Les chercheurs ont ainsi pu relever 51 variantes de fausses alarmes, dont 45 simulant les cris d’autres espèces.
Le vol de nourriture n’est pas rare chez les oiseaux. Mais beaucoup, comme le goéland, utilisent la force pour arriver à leurs fins. Plus malin, le drongo est a priori le seul oiseau à utiliser la ruse pour arriver aux mêmes résultats.