Depuis que la sonde Voyager 1 l’a survolée en mars 1979, Europe fascine. Ce satellite de Jupiter affiche une taille comparable à celle de la Lune. Mais à la différence de notre satellite naturel, Europe est une véritable boule de billard, très lisse et sans relief. Sa surface n’est autre qu’une gigantesque banquise épaisse de quelques kilomètres à quelques dizaines de kilomètres. Cette croûte glacée cache a priori un océan global d’eau salée profond d’une centaine de kilomètres et recouvrant un noyau rocheux. Depuis plusieurs décennies, des projets d’exploration traînaient dans les cartons. Mais Jupiter est loin, très loin. Le voyage s’étalant sur plusieurs années, il paraissait plus important d’explorer les déserts martiens que la banquise d’Europe.
C’est en décembre dernier que les choses changent. Lors de la discussion du budget 2016 de la Nasa, les membres du Congrès décident de doter la Nasa d’un budget en augmentation de 7 %, soit une somme totale approchant les vingt milliards de dollars. Le Congrès donne également son accord au développement d’une mission à destination d’Europe, Europa Mission, constituée d’une sonde, mais aussi d’un atterrisseur.

Un voyage de 2 ans au lieu de 5

Le lancement de la sonde se fera avec le SLS, le nouveau lanceur lourd de la Nasa, capable de mettre 70 tonnes en orbite. Ce lanceur permettra d’accélérer la sonde de façon à ce que le voyage se fasse en 2 ans au lieu de 5. De mauvaises langues disent qu’il faut bien trouver une utilisation à ce lanceur, faute de programme cohérent justifiant sa construction...

Quoi qu’il en soit, le projet est maintenant bien engagé et devrait aller à son terme. À la suite de la décision du Congrès américain, l’Agence spatiale européenne a proposé de participer au programme en apportant une contribution financière à hauteur de 500 millions d’euros, ou bien en réalisant l’atterrisseur qui se posera sur Europe. L’Esa ne manque pas d’arguments pour fabriquer ce module. Elle a réussi à poser des engins de ce type sur Titan, le satellite de Saturne en 2005, et sur la comète Churyumov-Gerasimenko en 2014.
Construire un atterrisseur pour se poser sur Europe sera une tâche difficile : les reliefs au sol ne sont pas bien connus, et les zones les plus intéressantes sont probablement les plus accidentées, celles où la banquise craque et se reforme, donnant accès aux matériaux venant de l’océan intérieur. L’atterrisseur devra être capable d’observer le relief alentour en temps réel avant de décider où se poser.