Une croyance encore bien ancrée dans les esprits laisse penser que jadis, les habitants de l’île de Pâques, de son nom autochtone Rapa nui, auraient surexploité leur environnement naturel, provoquant ainsi eux-mêmes leur disparition. Mais cette hypothèse a été maintes fois démentie. Et une nouvelle étude enfonce le clou : En effet, l’île n’a jamais accueilli assez d’humains pour que cela ait entraîné leur extinction. Lorsque Rapa nui est accostée par les colons européens, en 1722, ils découvrent d’imposantes statues de pierre érigées par milliers. Pourtant, il n’y a que 3000 habitants sur place. Une question se pose alors : comment un si petit nombre d’individus a-t-il pu édifier de si nombreuses et si monumentales constructions ?  Selon une idée popularisée par le géographe américain Jared Diamond il y a une vingtaine d’années, Rapa nui était habité par de nombreux autochtones a même de dresser des gigantesques statues. Mais en en pillant les ressources naturelles dès avant l’arrivée des colons, ils auraient causé leur propre effondrement démographique. Or les données scientifiques actuelles racontent une toute autre histoire ! En effet, une étude publiée en 2013 estimait que 4 à 21 km^2 de Rapa nui étaient couverts de jardins de pierres, utilisés pour cultiver des aliments comme des patates douces. L’île serait alors capable de nourrir jusqu’à 16 000 habitants. Mais ce chiffre est mis à mal par la dernière étude en date, publiée le 21 juin dans Science Advances. En alliant imagerie satellite infrarouge à ondes courtes et intelligence artificielle, elle a pu identifier minutieusement les jardins de pierres en les distinguant des autres paysages rocheux de l’île, chose que l’étude de 2013 ne faisait pas de manière précise.  Conclusion; les estimations de la quantité de jardins de pierre, ici en bleu, varient considérablement ! A gauche, les estimations de l’étude de 2013 et à droite, celle de la récente étude. D’après cette dernière, les jardins de pierre ne couvraient en fait que 0,76 km^2 de l’île. Or qui dit moins de jardins de pierre, dit moins d’aliments terrestres et donc moins d’habitants. L’île n’aurait en fait été capable d’accueillir que près de 4000 habitants, et non pas des dizaines de milliers.