Travailler à distance pour limiter la propagation du virus, mais revenir ponctuellement sur site pour maintenir une vie sociale : tel est l’enjeu, depuis mars 2020, un peu partout sur la planète. Alors, comment organiser au mieux l’agencement de ces deux phases pour qu’elles soient le plus efficaces possibles ? Une équipe  française spécialisée en modélisation et épidémiologie apporte la réponse aujourd’hui dans une étude publiée dans la revue PLOS Computational Biology

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La pandémie de Covid-19 a contraint un grand nombre de pays à limiter les contacts physiques sur les lieux de travail © Getty images

« L’étude quantifie les efficacités relatives de plusieurs stratégies de télétravail en "demi-jauge" », explique Simon Mauras, auteur principal du papier. Les chercheurs ont ainsi étudié l’impact de deux stratégies. Dans la première, dite « de rotation », la communauté est coupée en deux : pour le cas d’une école, par exemple, la moitié des élèves va en cours tandis que l’autre moitié reste à la maison. La seconde stratégie considérée est dite « d’alternance » : le groupe reste entier et tout le monde va en classe en même temps ou reste à la maison en même temps. Ces deux stratégies ont été étudiées sur une base quotidienne et hebdomadaire, dans trois cadres de vie différents : bureau, école primaire et lycée.

En utilisant la simulation statistique et en tenant compte des caractéristiques épidémiologiques les plus importantes du SARS-CoV-2, l’équipe a pu classer les stratégies de la plus efficace à la moins efficace. Et ce sont les stratégies de rotation qui dominent les stratégies d’alternance. Les chercheurs précisent que ces deux stratégies sont un peu plus efficaces lorsqu’elles sont effectuées sur une base hebdomadaire que sur une base quotidienne. « Mais la différence est si faible que des considérations pratiques, psychologiques et autres devraient déterminer le moment de l’alternance. »

Importance du seuil de contamination

Enfin, les chercheurs insistent sur un point-clé : le nombre de reproduction locale ou « R0 local ». Il s’agit du nombre moyen de nouveaux cas d’une maladie qu’une seule personne infectée et contagieuse va générer en moyenne dans la communauté, dans une population sans aucune immunité. En-dessous d’un certain seuil, pouvant aller de 1,30 à 1,55 selon les cadres de vie, les quatre stratégies permettent de contrôler efficacement l’expansion du virus, en diminuant le nombre de reproduction effectif à moins de 1 personne.

« Notre travail n’a pas été réalisé en accord avec les instances  politiques, précise Simon Mauras. Mais il peut être utile pour orienter les décisions de santé publique. Évidemment, lors de ces décisions, la faisabilité et l’impact psychologique des différentes stratégies devront être prises en compte ».