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NPS, USGS ET UNIVERSITÉ DE BOURNEMOUTH

Après des années de controverse, le mystère des traces de pieds humains du désert du Nouveau-Mexique pourrait bien être résolu. Bouleversant, au passage, ce que l’on croyait connaître du peuplement de l’Amérique du Nord !

En effet, pendant la majeure partie du 20e siècle, le monde archéologique estimait que les humains étaient arrivés sur le continent il y a environ 15 000 ans, en empruntant la Béringie, un pont terrestre qui reliait autrefois la Sibérie et le Canada. 

Mais l’émergence, ces dernières décennies, de différents indices suggérant une présence plus ancienne a remis en question cette chronologie. 

Ce fut le cas en 2021, lorsqu’une équipe scientifique américaine déclare avoir daté une série d’empreintes de pas humains retrouvées au Nouveau-Mexique. Plus précisément, ils ont daté au carbone 14 des graines écrasées par ces pas. Résultat : ceux-ci seraient vieux d’environ 21 000 ans.

Immédiatement, la controverse éclate : il s’agit de graines de Ruppia Cirrhosa, une plante aquatique. Elles ont pu absorber et conserver des molécules de carbone issues d’une eau plus ancienne, faussant le résultat. La communauté scientifique demande donc des preuves supplémentaires. 

À ce propos, Kathleen Springer, co-autrice de l’étude initiale et géologue à l’Institut d’études géologiques des États-Unis, déclare : « Nous étions sûrs de nos datations initiales (…), mais nous savions qu’un contrôle chronologique indépendant était capital. » 

C’est ce que fournit aujourd’hui son équipe, par l’analyse d’autres éléments tirés des traces de pas. Cette fois, c’est du pollen issu de conifères, non susceptible d’être « contaminé » par de l’eau, qui a été daté au carbone 14. Son âge : au moins 22 600 ans. Ils ont aussi employé une technique appelée luminescence optiquement stimulée pour l’appliquer à du quartz tiré des empreintes. Elle permet de savoir quand un minéral a été exposé pour la dernière fois à la lumière. En l’occurrence, il y a 21 500 ans.  

« Nos nouvelles datations (…) soutiennent sans équivoque le fait que les humains étaient présents en Amérique du Nord durant le pic de la dernière ère glaciaire. » Conclut Kathleen Springer.