Pour enrichir la biodiversité, les biologistes ont recours à une méthode innovante : l’hybridation. Populaire chez les plantes, elle permet d’obtenir de nouvelles espèces… résultat d’un croisement artificiel entre deux espèces qui ne seraient autrement jamais fécondées ensemble. L’un des inconvénients rencontrés est une fertilité appauvrie. Pourtant, certaines espèces hybrides réussissent à égaler le taux de fécondité de leurs parents. Leur astuce ? Dédoubler spontanément une partie de leur génome.

C’est le cas notamment de certaines levures (Saccharomyces paradoxus). D’abord diploïdes comme la plupart des êtres vivants, elles se retrouvent, après hybridation, non pas avec deux, mais trois copies de chacun de leurs chromosomes. Il arrive même que les deux copies héritées de leurs parents se dédoublent, faisant de la nouvelle espèce hybride, une espèce tétraploïde. Bien que perçue comme délétère chez les humains, la polyploïdie confère un avantage notable à certains hybrides : rééquilibrer les différences de structures ou de séquences entre les génomes des deux espèces parentales éloignées.

Mais ce que les chercheurs ont trouvé de plus remarquable chez les levures hybrides est le caractère spontané de leur polyploïdie. Au bout de 400 divisions, sans faire intervenir la sélection naturelle, elles récupèrent un niveau de fécondité similaire à celui de leurs parents. Si cette stratégie permet de recouvrer la fécondité, elle ne parait avantageuse que pour les espèces capables de se reproduire de manière asexuée.