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Photo par Robina Weermeijer (Unsplash)

Vous vous êtes surement déjà posé la question. Pourquoi est-ce si dur d’apprendre une deuxième langue à l’âge adulte ?

Un début de réponse nous vient d’une étude sur l’épilepsie. C’est en étudiant le cerveau d’épileptiques que les chercheurs ont pu en comprendre davantage sur la manière dont le cortex cérébral gère l’apprentissage d’une nouvelle langue, tout en conservant sa langue maternelle.

Les résultats publiés le 30 aout dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences sont plutôt surprenants. On comprend davantage la faculté du cerveau à jongler. Quand on découvre un nouveau dialecte, la neuroplasticité, soit notre capacité à construire de nouvelles connexions entre les neurones quand nous apprenons des choses, et la stabilité, qui nous permet de garder les réseaux liés à ce qu’on connait déjà, entrent en compétition l’une contre l’autre.

Les chercheurs ont travaillé avec 10 patients souffrant d’épilepsie, qui avaient auparavant subi une opération au cours de laquelle des électrodes avaient été implantées dans leur tête. Le but initial était de localiser l’origine de leurs crises d’épilepsie.

Ces patients ont accepté que l’équipe utilise les données collectées pour leur étude sur l’apprentissage. Grâce à ces électrodes, l’équipe a pu observer des clusters de neurones qui semblaient s’ajuster avec précision quand un auditeur se familiarisait avec des sons d’une langue étrangère. Les chercheurs ont fait écouter à ces anglophones des mots en mandarin, leur demandant, jour après jour, d’identifier s’ils pensaient que le ton montait, descendait ou restait plat.

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Matt Leonard, maitre de conférence à UCSF Weil Institute for Neurosciences analyse les données des enregistrements Credit: Susan Merrel

D’autres études publiées jusqu’à présent suggéraient que l’activité du cortex du langage pourrait augmenter lorsqu’une langue nous devient plus familière. Mais ce que les chercheurs ont découvert, c’est qu’il s’agit en fait d’un vaste spectre de changements à tous les niveaux du cortex du langage. Dans certaines zones, l’activité augmente, dans d’autres, elle diminue. Le tout maintenant un certain équilibre.

« Tous ces petits boutons d’ajustement neuronaux communiquaient entre eux jusqu’au moment où ils pouvaient fonctionner correctement en travaillant ensemble », explique Matt Leonard, un des auteurs.

De plus, les régions de l’encéphale activées n’étaient pas les mêmes chez tous les individus.

« Certains groupes de cellules répondaient plus au ton descendant, alors que d’autres réagissaient de manière exponentielle à l’écoute d’un autre type de son. C’est comme si chaque personne disposait d’un kit unique de boutons qui se réglaient le plus précisément possible pendant qu’ils se familiarisent avec ces sons. » 

D’après les chercheurs, cela pourrait expliquer pourquoi certaines personnes intègrent plus facilement certains sons que d’autres. Chaque cerveau s’adapte de manière unique pour trouver son équilibre, permettant de maintenir la stabilité de sa langue maternelle, tout en ayant la plasticité d’en apprendre une nouvelle.