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De nombreux projets routiers ont été débloqués ces derniers mois sous l'impulsion du Premier ministre Jean Castex, en fin de mandat © AFP/Archives GUILLAUME SOUVANT

Après avoir passé des années dans le formol, de nombreux projets routiers ont été débloqués ces derniers mois sous l’impulsion du Premier ministre Jean Castex, en fin de mandat, en s’opposant à la "doctrine écologiste", à rebours de toute stratégie de transition écologique.

« Moi qui suis (…) un grand partisan du train et du développement ferroviaire, je cherche partout à débloquer des sujets routiers », a déclaré le chef du gouvernement le 14 février, en inaugurant un tronçon de voie express contournant Gimont (Gers).

La France « a besoin des routes », a-t-il martelé, notant que « la mauvaise réputation de la route liée aux émissions de gaz à effet de serre, elle n’est pas liée à la route elle-même, mais aux véhicules qui y circulent ». Le problème devant être réglé selon lui avec l’essor des motorisations électriques et hybrides.  

« Je m’emploie à faire débloquer des dossiers routiers qui étaient dans le corner depuis parfois trente, quarante ans, au grand dam des populations. » 

« C’est même, entre nous, peut-être un peu triste pour notre pays qu’il faille, pour débloquer le contournement d’une ville, l’implication personnelle et résolue du Premier ministre », relevait encore Jean Castex trois jours plus tard dans les Hautes-Pyrénées.

Il faisait allusion aux déviations d’Auxerre et de Tarascon-sur-Ariège, qui comme d’autres étaient « encalminées ».

Le dernier schéma autoroutier date de 2003. Depuis, le Grenelle de l’environnement, en 2007-2009, a changé la donne, et de nombreux projets sont passés à la trappe.

« Il n’y a plus nécessité en France d’augmenter significativement la capacité du réseau routier », proclamait ainsi le projet de Schéma national des infrastructures de transport (Snit), en 2010. 

La doctrine n’a pas trop changé depuis, de « Commission Mobilité 21 » en préconisations du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), lesquelles ont été reprises par le gouvernement et annexées à la Loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019. 

Quelques opérations routières ont continué, cahin-caha, plutôt discrètement, pendant que grandissaient des oppositions locales aux chantiers. 

« Il faut arrêter de faire des infrastructures qui amèneront toujours plus de voitures et détruiront toujours plus d’espaces naturels. Plus on construit de routes, plus on aura de voitures », a ainsi résumé l’écrivain, réalisateur et militant écologiste Cyril Dion.

Parmi les critiques récurrentes, la disparition d’espaces verts et de terres agricoles, à cause des nouveaux axes et des inévitables zones d’activités prisées par les élus aux échangeurs.

« Je n’ai pas l’inauguration honteuse », a dit Jean Castex en décembre après l’inauguration du très contesté contournement de Strasbourg, qu’il a qualifié de « formidable aventure ». 

Dans la foulée, il annonçait un appel à candidature pour la mise en concession du contournement autoroutier de Rouen, que l’on pensait mal parti en raison notamment de l’opposition de la métropole normande. Et il a garanti au maire de Chartres le lancement de l’autoroute A154 sur l’axe transversal Rouen-Orléans.

En septembre, le Premier ministre attribuait l’autoroute A69 Toulouse-Castres au groupe NGE. Plus récemment encore, le contournement ouest de Montpellier l’a été aux Autoroutes du sud de la France (ASF, groupe Vinci).

« Dans la LOM, on a défini des axes sur lesquels des autoroutes pouvaient être créées », constate le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. Tous ces projets « étaient dans la LOM et sont exécutés comme tels ».

Un autre ne l’était pas : l’axe Poitiers-Limoges, où la très encombrée N147 pourrait être doublée par une autoroute à la demande d’élus locaux. Une concertation est en cours.

« S’engager aujourd’hui dans un projet de nouvelle autoroute est en décalage avec les urgences écologiques, économiques et les vrais enjeux de mobilité du moment », a déclaré à ce sujet, sur France Bleu, la maire (EELV) de Poitiers, Léonore Moncond'huy. « Au-delà d’être inacceptable, c’est un projet qui n’est pas sérieux. »

Chaud partisan de l’A147, Emile Roger Lombertie, maire (LR) de Limoges, voit dans l’opposition de sa collègue poitevine « des thématiques idéologiques qui nous ramènent au Moyen-Age ».

Le volet routier est quasiment absent des candidats à la présidentielle. Même l’écologique Yannick Jadot n’en parle pas dans son programme.

Chez nos voisins, le Pays de Galles et la Wallonie ont arrêté tout nouveau projet routier.