À quel hémisphère sont rattachées les différentes fonctions cérébrales ? C’est la question à laquelle une équipe franco-italienne vient de répondre. Ses travaux montrent notamment pour la première fois la prise de décision, la perception, l’action et les émotions, font davantage appel à l’hémisphère droit, alors que la communication symbolique repose plus sur l’hémisphère gauche.

L’idée d’une asymétrie fonctionnelle des deux hémisphères du cerveau remonte à 1865 : le médecin français Paul Broca remarque alors que parmi les patients souffrant d’une lésion cérébrale, seuls ceux touchés au lobe frontal gauche rencontrent des difficultés pour parler. Mais concevoir une carte complète des fonctions cérébrales nécessitait de mener une étude systématique à partir de données nombreuses.

C’est justement en recourant aux données d’IRM fonctionnelle collectées à l’échelle mondiale depuis plus de quinze ans que la première carte globale de la latéralisation des fonctions cérébrales a pu être dressée.

Image légendée
La latéralisation des fonctions cérébrales représentée dans un espace à 4 dimensions le long de l’axe de la communication symbolique (vert), l’axe « perception/action » (cyan), l’axe des émotions (rose) et l’axe de la prise de décision (jaune) © Karolis et al./Nature Communications

Quatre groupes de fonctions fortement latéralisées ont ainsi été distingués : la communication symbolique – langage, lecture et calcul – très latéralisée à gauche ; le groupe « perception/action » et les émotions, latéralisés à droite et enfin la prise de décision, qui reposerait plutôt sur des régions du lobe frontal droit. Ce dernier point est le plus novateur : aucune équipe n’avait encore décrit d’asymétrie entre les hémisphères lors de la prise de décision.

Cette étude montre en outre que plus les fonctions sont situées dans un hémisphère donné, moins elles établissent de connexions avec l’autre hémisphère. Ce constat conforte l’hypothèse selon laquelle l’hémisphère dominant pour une fonction est peu connecté à l’autre. Cette caractéristique permet sans doute au cerveau de gagner en rapidité et donc en efficacité, mais complique la récupération fonctionnelle après une lésion cérébrale, puisque l’hémisphère non endommagé est peu préparé à pallier les fonctions perdues (langage, par exemple).

Ces constats généraux étant dressés, qu’en est-il à l’échelle individuelle ? La latéralisation varie-t-elle de manière sensible ? C’est la prochaine question à laquelle l’équipe souhaite désormais répondre.