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chimiste Jean-Marie Tarascon, spécialiste des batteries, médaille d'or 2022 du CNRS © CNRS Photothèque/AFP Frédérique Plas

La médaille d’or 2022 du CNRS, l’une des plus prestigieuses récompenses scientifiques françaises, a été attribuée jeudi au chimiste Jean-Marie Tarascon, spécialiste des batteries et « pionnier du stockage électrochimique de l’énergie ». 

Ses recherches « sont au cœur des défis scientifiques et des enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain : permettre le stockage de l’énergie dans le respect des principes d’éco-conception, de sécurité et de recyclage », a déclaré le PDG du CNRS Antoine Petit, dans un communiqué.

À 68 ans, Jean-Marie Tarascon travaille depuis plus de 25 ans dans des laboratoires associés au CNRS et est aujourd’hui professeur au Collège de France. Il dirige également le réseau français sur l’énergie RS2E qui rapproche acteurs industriels et académiques. 

Le chercheur a démarré sa carrière aux États-Unis au début des années 1980, pour avoir « un environnement scientifique différent », confie-t-il à l’AFP. Il y est recruté par Bellcore, filiale de Bell dont dépendaient les compagnies téléphoniques du pays. Il y mène des recherches sur la supraconductivité.

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Jean-Marie Tarascon, médaille d’or 2022 du CNRS, pose avec son équipe dans le laboratoire CSE du Collège de France, le 27 juin 2022 © CNRS Photothèque/AFP/Archives Frédérique Plas

En 1989 survient le séisme de Loma Prieta, en Californie. Les lignes téléphoniques classiques ont alors besoin d’électricité de secours, fournie par des batteries au plomb, « censées tenir huit heures », raconte le chimiste. Mais « il s’est trouvé qu’il n’y avait plus d’électricité de batterie après une heure. On s’est aperçu qu’il y avait peu de recherches sur le sujet des batteries ».

Jean-Marie Tarascon prend alors la tête du groupe du stockage de l’énergie et se convertit à l’électrochimie. Avec son équipe, il explore la voie « encore balbutiante » des batteries au lithium et met au point les premières batteries extra-plates, plus flexibles et plus sûres : la batterie plastique lithium-ion « qui s’adapte plus facilement aux gadgets électroniques » et qu’on utilise aujourd’hui par exemple pour les téléphones portables et quantité d’autres objets, jusqu’à certaines voitures électriques, explique le chercheur. 

Depuis son retour en France en 1995, il a notamment dirigé le laboratoire réactivité et chimie des solides d’Amiens, et initié la création du réseau RS2E. C’est sous son impulsion que ce réseau a développé la batterie sodium-ion, utile pour le stockage des énergies renouvelables.

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Jean-Marie Tarascon (à droite sur la photo) participe à une réunion sur le sommet climatique Cop 21 le 9 novembre 2015 au Collège de France à Paris © POOL/AFP/Archives Stéphane De Sakutin

« Elle a moins d’autonomie que lithium-ion mais est plus adaptée au développement durable car elle utilise du sel de sodium, beaucoup plus abondant et facile à extraire que le lithium. Son atout est aussi sa puissance », fait valoir Jean-Marie Tarascon. 

Ses recherches actuelles sont dirigées vers des batteries « plus intelligentes », avec des capteurs pour « suivre leur état de santé et de vieillissement ». Car « demain, tout ce qui nous entoure dépendra des batteries ».

Depuis 1954, la médaille d’or du CNRS, dotée de 50 000 euros, distingue chaque année « l’ensemble des travaux d’une personnalité scientifique qui a contribué de manière exceptionnelle au dynamisme et au rayonnement de la recherche française ».

L’an dernier, la récompense avait couronné les travaux du physicien Jean Dalibard.