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Photo publiée le 25 janvier 2024 par l’Agence spatiale japonaise Jaxa montrant une image de la surface lunaire transmise par la sonde Sora-Q après l’atterrissage du module SLIM sur la Lune, le 20 janvier 2024 © Japan Aerospace Exploration Agency (JAXA)/AFP handout

Le petit engin spatial japonais SLIM a honoré son surnom de « Moon Sniper » : il s’est posé samedi dernier sur la Lune à 55 mètres de sa cible, soit un très haut degré de précision, a annoncé jeudi l’agence spatiale japonaise (Jaxa). 

L’objectif de faire alunir ce module dans un rayon de 100 mètres par rapport à sa cible, comparé à plusieurs kilomètres en général pour les missions lunaires, a ainsi été atteint. « SLIM a réussi à se poser en douceur et avec une haute précision (…), la distance de son point d’alunissage par rapport à la cible a été confirmée à 55 mètres », a dit la Jaxa. Le module aurait même pu alunir avec encore davantage de précision sans un problème moteur dans les dernières dizaines de mètres de sa descente, qui a pu légèrement l’écarter de sa cible, a estimé jeudi Shinichiro Sakai, responsable du projet SLIM (Smart Lander for Investigating Moon).

 La Jaxa a aussi publié jeudi de premières images de cet alunissage historique pour le Japon, devenu le cinquième pays au monde à réussir à se poser sur le satellite naturel de la Terre après les États-Unis, l’URSS, la Chine et l’Inde.

L’une de ces photos, en couleur, montre le petit module SLIM (2,4 m de long, 1,7 m de large et 2,7 m de haut) visiblement intact et posé avec une légère inclinaison sur un sol lunaire rocailleux. 

Mais l’exploit nippon a été accompagné d’un bémol  : SLIM n’a pas pu utiliser ses panneaux solaires immédiatement après son alunissage, ce qui a contraint la Jaxa à couper son alimentation électrique moins de trois heures après, pour économiser ses batteries en vue d’un éventuel redémarrage. 

Une relance de SLIM bientôt tentée

La Jaxa espère toujours pouvoir rallumer SLIM quand l’angle du Soleil aura changé dans la zone de son alunissage, permettant aux rayons solaires d’atteindre ses panneaux photovoltaïques.

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Présentation du module SLIM ou « Moon Sniper » de la mission lunaire japonaise lancée le 7 septembre 2023 © AFP Gal Roma, Paz Pizzaro

« D’après nos estimations actuelles, nous nous préparons à relancer les opérations de la sonde d’ici le 1er février », a précisé jeudi la Jaxa. 

SLIM a aluni dans un petit cratère de moins de 300 mètres de diamètre, appelé Shioli. Avant d’être éteint, l’engin a pu débarquer normalement ses deux mini-rovers, censés mener des analyses de roches provenant de la structure interne de la Lune (le manteau lunaire), encore très mal connue. 

L’un de ces deux astromobiles est une sonde sphérique baptisée SORA-Q, à peine plus grande qu’une balle de tennis, capable de modifier sa forme pour se déplacer sur le sol lunaire. Elle a été développée par la Jaxa, en partenariat avec le géant japonais du jouet Takara Tomy. Plus de 50 ans après les premiers pas humains sur la Lune --effectués par les Américains en 1969 -- le satellite naturel de la Terre est redevenu l’objet d’une course mondiale.

Le programme américain Artémis prévoit de renvoyer des astronautes sur la Lune, un projet récemment reporté à septembre 2026, avec à plus long terme la construction d’une base permanente sur place. La Chine a des projets concurrents similaires. 

Les deux premières tentatives d’alunissage du Japon avaient mal tourné. En 2022, une sonde de la Jaxa, Omotenashi, embarquée à bord de la mission américaine Artémis 1, avait connu une défaillance fatale de ses batteries peu après son éjection dans l’espace. Et l’an dernier, un alunisseur de la jeune entreprise privée japonaise ispace s’était écrasé à la surface de la Lune, ayant raté l’étape cruciale de la descente en douceur.

Atteindre la Lune reste un immense défi technologique, même pour les grandes puissances spatiales : l’entreprise privée américaine Astrobotic, sous contrat avec la Nasa, a aussi échoué début janvier à poser son premier engin sur la Lune.