Les chimpanzés ont des « poignées de mains » propres à leur groupe social
Publié le - par Le Blob.fr, avec l'AFP
Les chimpanzés adoptent des façons de serrer leurs « mains » propres à leur groupe social, selon une étude faisant le bilan de 12 années d’observation de leur comportement.
Les chimpanzés sont souvent considérés comme les primates les plus proches de l’Homme, avec leur capacité à effectuer des taches compliquées, comme l’utilisation d’outils. Edwin van Leeuwen, expert en comportement animal à l’Université belge d’Anvers, a étudié des dizaines de chimpanzés abrités dans l’orphelinat zambien de Chimfunshi. Il a pu y observer des gestes de la main répétés et bien spécifiques dans deux groupes distincts.
Un geste, lié à l’épouillage mutuel, voit chaque participant étendre un de ses bras au-dessus de la tête et toucher avec l’autre le poignet ou la main de son partenaire, ou bien lui saisir cette main, selon cette étude publiée dans la revue Royal Society Biology Letters. M. Van Leeuwen a observé que la poignée de mains était « notablement plus prononcée » dans un groupe de chimpanzés que dans l’autre. Il a aussi trouvé que les femelles étaient plus susceptibles de se prendre la main que les mâles, qui préfèrent s’attraper le poignet, sans doute pour affirmer leur domination.
« Le fait qu’ils aient développé des habitudes différentes dans différents groupes montre qu’ils prennent ces habitudes socialement dans leur groupe », a dit M. Leeuwen à l’AFP. Selon lui, les chimpanzés paraissent avoir appris à pratiquer ces poignées de main, « jusqu’à un certain degré », comme une sorte de rituel. Elles « s’intègrent dans l’interaction sociale de deux individus, en établissant une connexion particulière dans une activité déjà intime » comme l’épouillage.
Pour M. Van Leeuwen, c’est la preuve de la capacité des chimpanzés à préserver « une stabilité des traditions ». Un comportement qui chez l’humain est appelé persistance culturelle.
Ce comportement ne peut s’expliquer par des raisons génétiques ou environnementales, la composition des deux groupes étant quasiment identique. Il y voit plutôt le résultat « d’une caractéristique commune d’apprentissage social ».