Sans raison explicite, les hommes sont moins nombreux que les femmes à donner leur moelle osseuse et leur sang. Or, leurs dons sont cruciaux pour faire face à des besoins croissants et favoriser le succès de greffes.

Image légendée
Les dons de moelle osseuse, de gamètes et de sang sont cruciaux pour faire face à des besoins croissants et favoriser le succès de greffes © AFP/Archives Denis Charlet

En juin 2023, le registre national des donneurs volontaires de moelle osseuse était composé à 35% par des hommes et 65% par des femmes. Un écart constaté depuis de nombreuses années, selon l'agence de biomédecine, qui gère ce registre. « On ne sait pas du tout pourquoi il y a une telle différence mais on l'observe et ça nous pose problème, car les centres de greffes s'orientent vers des donneurs masculins dans plus de 70% des cas », expose le Dr Catherine Faucher, directrice prélèvement et greffes de cellules souches hématopoïétiques (CSH) à l'agence.

Les médecins rapportent en effet qu'une greffe réalisée à partir d'un prélèvement de cellules de moelle osseuse effectué chez un homme optimise nettement les chances de réussite. Cette distinction s'explique sur le plan immunologique : chez les femmes, des anticorps sont développés naturellement lors de chaque grossesse (même si elle n'est pas menée à terme). Or, ces anticorps complexifient la bonne tolérance du greffon de moelle osseuse après la greffe pour le malade. Puisqu'ils sont absents chez les hommes, le risque de complication est réduit. Lorsqu'ils ont le choix entre deux greffons compatibles, « les centres de greffe vont donc privilégier systématiquement un donneur homme », souligne la Dr Faucher.

Comportements altruistes

Si aucune étude ne renseigne sur les motivations ou les interrogations des donneurs, l'agence constate sur le terrain que les hommes se questionnent davantage que les femmes sur les modalités de prélèvement. C'est pourquoi il est nécessaire de faire de la pédagogie et de « rappeler que dans 80% des cas, il s'agit d'un prélèvement sanguin », souligne-t-elle. Le prélèvement par ponction dans les os postérieurs du bassin, une intervention qui se fait alors sous anesthésie générale, ne s'effectue que dans 20% des cas.

Image légendée
Selon l'Etablissement français du sang (EFS) en 2022, 46,5% des donneurs étaient des hommes contre 53,5% des femmes © AFP/Archives Georges Gobet

Pour la première fois cette année, l'agence de biomédecine a lancé une campagne de communication ciblant exclusivement les hommes de 18 à 35 ans, dont le point d'orgue sera la journée mondiale pour le don de moelle osseuse samedi 16 septembre 2023.

Dans une moindre mesure, le don du sang illustre aussi une différence entre hommes et femmes : selon l'Établissement français du sang (EFS) en 2022, 46,5% des donneurs étaient des hommes contre 53,5% des femmes. Les dons des hommes représentent toutefois 52% du total, ces derniers pouvant donner leurs concentrés de globules rouges jusqu'à 6 fois par an contre 4 fois pour les femmes.

Des études publiées par plusieurs équipes de nationalité différente convergent vers certaines explications, selon l'EFS, notamment des comportements altruistes valorisés chez les femmes dès le plus jeune âge.