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Mycoplasma pneumoniae, une bactérie à l'origine d'infections respiratoires, fait un retour remarqué en Asie et en Europe © AFP/Archives Andreas Solaro

Elle avait disparu, elle fait un retour remarqué en Asie et en Europe : mycoplasma pneumoniae, une bactérie à l'origine d'infections respiratoires, surtout chez les enfants, est au centre de flambées épidémiques face auxquelles les autorités sanitaires et les scientifiques appellent à la vigilance, sans affolement.

 Qui est mycoplasma pneumoniae ?

Connue des scientifiques, c'est une bactérie, membre de la famille des mycoplasmes, qui provoque une infection pulmonaire. Après le pneumocoque, c’est l’agent bactérien le plus souvent impliqué dans les pneumonies aiguës en collectivité. Dans les symptômes fréquents : toux, fièvre, difficultés respiratoires. Si les enfants et les jeunes adultes sont les plus concernés, cette bactérie peut toucher toutes les tranches d’âge. 

La transmission se fait par gouttelettes, ou contact rapproché. L’incubation dure généralement d'une à trois semaines. Si elles se produisent tout au long de l’année, les infections à mycoplasma pneumoniae peuvent être plus fréquentes en été et à l'automne.

Quelle augmentation ? 

Avant la pandémie de Covid, cette bactérie engendrait des pics épidémiques cycliques, tous les 3 à 7 ans environ. Les derniers épisodes remontaient à fin 2019-début 2020 dans plusieurs pays, principalement en Europe et en Asie. Mycoplasma pneumoniae a fait son retour cet été, avec une accélération marquée depuis le début de l'automne. La première alerte est venue de Chine, où un rebond important d'infections respiratoires, dont mycoplasma pneumoniae, a été signalé ces dernières semaines. D'autres pays d'Asie, comme la Corée du sud, ont aussi noté un rebond. 

Et en Europe, la France, des pays scandinaves, les Pays-Bas ou l'Irlande ont rapporté récemment une hausse de ces infections. En France, où la bactérie circule davantage « depuis le début de l'automne », il y a plus de cas qu'à la même période en 2022 mais aussi en 2019, soit « une situation épidémique », a exposé jeudi l'agence sanitaire. 

Autre exemple : au Danemark, les 541 cas enregistrés la semaine dernière représentent plus du triple du nombre relevé cinq semaines auparavant, montrant l'atteinte d'un « niveau épidémique », selon l'agence sanitaire SSI.

Pour quelles raisons ?

Comme pour d'autres germes, certains scientifiques y voient une répercussion de l'arrêt des confinements et gestes barrières contre la pandémie de Covid. « On attendait ce retour. Cela fait au moins quatre ans qu'il n'y avait pas eu d'infections à mycoplasma pneumoniae. Et cela nous étonnait beaucoup de ne pas voir réapparaître cette bactérie, alors que des virus (grippe, VRS...) et d'autres infections bactériennes étaient réapparus » post-Covid, explique Cécile Bébéar, cheffe du service de bactériologie du CHU de Bordeaux. 

Et cette « réémergence tardive est frappante: elle s'est produite longtemps après l'arrêt des restrictions anti-Covid » dans nombre de pays, ont relevé dans Lancet Microbe des membres du groupe européen de surveillance des infections à mycoplasma pneumoniae. 

Outre une éventuelle baisse d'immunité collective depuis les derniers épisodes d'infections, ils pointent la singularité de mycoplasma pneumoniae. « C'est une bactérie probablement moins transmissible que d'autres virus, voire bactéries respiratoires, et qui se multiplie lentement », a précisé Cécile Bébéar. 

Quel danger ?

Le plus souvent, ces infections sont bénignes. Pour le diagnostic, il faut éliminer d'autres causes, comme la bronchiolite, la grippe, le Covid, ou la bien plus grave pneumonie à pneumocoques. Dans certains cas, un test PCR testant plusieurs causes possibles peut être réalisé. Si elles restent rares, certaines complications de mycoplasma pneumoniae (aggravation d'un asthme...), ou diverses manifestions (cutanées, neurologiques...), peuvent nécessiter une hospitalisation, parfois en réanimation.

C'est le cas d'enfants ces dernières semaines, mais aussi de quelques adultes. En France, « on sent aujourd’hui l’impact sur les urgences pédiatriques », même si ces pneumopathies affectent « un peu moins les tout petits bébés », selon le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau. 

Quel traitement ? 

Mycoplasma pneumoniae « est facilement traitée avec des antibiotiques », a souligné l'OMS dans un communiqué sur les infections respiratoires en Chine. Il s'agit essentiellement de macrolides, dont l’azithromycine. L'antibiorésistance est cependant à surveiller, surtout qu'elle peut augmenter avec l'épisode actuel. « Avant le Covid, en Asie, où la prescription d'antibiotiques était peu raisonnée, 80% des souches de microplasma pneumoniae étaient résistantes en Chine, plus de 50% au Japon. En France, l'antiobiorésistance ne dépassait pas 10% », selon Cécile Bébéar.