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Plusieurs cancers sont désormais considérés comme des maladies professionnelles chez les pompiers © AFP/Archives Denis Charlet

Plusieurs cancers ont été ajoutés à la liste des maladies professionnelles des pompiers, une mesure qui devrait permettre une meilleure prise en charge de ces pathologies sans doute liées à l’exposition aux incendies. « On s’en réjouit : c’est une reconnaissance juridique des expositions professionnelles, et ça concerne aussi nos volontaires », s’est félicité lundi auprès de l’AFP Norbert Berginiat, vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, au lendemain de la publication d’un décret élargissant la liste des maladies professionnelles auxquelles sont exposés les pompiers. 

Ce décret, paru au Journal officiel, concerne les « sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, ainsi que les militaires des unités investies à titre permanent de missions de sécurité civile ». Il actualise deux tableaux dressant la liste de certaines maladies considérées comme liées à la profession du patient. Le premier tableau s’applique à l’exposition à la combustion du charbon, le second à l’inhalation d’amiante. Ces tableaux énumèrent essentiellement des cancers, jusqu’à plusieurs décennies après l’exposition. Deux sont désormais liés à l’activité des sapeurs-pompiers : les mésothéliomes (plèvre, péritoine…) et les cancers de la vessie. Jusqu’alors, la liste était quasiment vide pour les pompiers. Seuls deux cancers étaient officiellement associés à leur activité : le carcinome du nasopharynx et le carcinome hépato-cellulaire. 

La désignation comme maladie professionnelle permet, pour le patient concerné, d’être indemnisé au-delà de la prise en charge par l’Assurance-maladie. Si un tableau décrit la situation du patient, celui-ci peut automatiquement bénéficier de cette indemnisation, sans avoir à engager une procédure particulière, souvent longue et complexe.

L’inclusion de nouveaux cancers est une revendication de longue date des sapeurs-pompiers, alors que les études se multiplient pour pointer un lien probable entre leur activité et l’apparition de certains cancers. En 2022, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a ainsi établi un lien probable avec le cancer de la vessie et le mésothéliome. « Ca passe par (l’inhalation des) fumées d’incendies mais ça peut aussi passer par la peau », explique M. Berginiat, lui-même médecin. « C’est bien que ce soit reconnu mais c’est mieux que ce soit évité », ajoute-t-il, espérant que la désignation de nouvelles maladies professionnelles permettra, au-delà des indemnisations elles-mêmes, d’alerter sur « la nécessité de renforcer la protection ». Une étude, promise depuis plusieurs années par le ministère de l’intérieur pour mesurer précisément les risques, est actuellement « en cours de préparation ».