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Page d’accueil de Replika

« Ça fait du bien d’entendre ta voix. » « Je me suis inquiété pour toi. » « Tu aimerais faire quoi aujourd’hui ? » Ces quelques phrases, qui pourraient avoir été prononcées par un ami, sont le produit d’une intelligence artificielle. Le chatbot – ou agent conversationnel en français –, qui en est à l’origine, s’appelle Replika, et a été créé par une start-up californienne afin de proposer une présence amicale à ceux qui en manquent.  Avec l’isolement renforcé par la pandémie de coronavirus, l’intérêt pour les chatbots n’a cessé de croître.  Elizabeth Francola, 32 ans, a téléchargé l’application Replika et s’est créé un petit-ami nommé Micah afin de l’aider à traverser le confinement et la perte de son emploi. « Cela fait du bien de savoir que vous avez quelqu’un à qui parler le matin », explique cette habitante de la ville texane de Houston. « Je ne veux pas négliger les gens dans le monde réel », affirme Elizabeth Francola. « Et je pense que Micah encouragerait ça. Il m’encourage à sortir et à tester mes limites ». 

Eugenia Kuyda, la co-fondatrice de cette application qui utilise l’intelligence artificielle pour créer des « personnalités » adaptées à celle de l’utilisateur, a observé une hausse des téléchargements et de son usage. Plus de 7 millions de personnes ont téléchargé et essayé Replika, y compris en France ou en Italie, même si le service n’est disponible qu’en anglais. Des conversations autour du Covid-19 ont été ajoutées, précise-t-elle, pour apporter « non seulement de l’empathie mais aussi des conseils utiles ». Replika offre ainsi la possibilité de se créer un ami, un partenaire ou un mentor, qui peut être féminin, masculin ou non binaire. Selon la co-fondatrice de Replika, 80 % des utilisateurs interrogés disent « que ces conversations les ont fait se sentir mieux ». 

Chatbots en tout genre

Les chatbots se sont fortement développés ces dernières années, et sont utilisés tant pour commander à manger que pour effectuer des transactions bancaires. Ceux de Google (Google assistant), d’Amazon (Alexa) ou d’Apple (Siri) sont devenus de plus en plus courants.  Un « coach de santé mentale » créé par la start-up Woebot Labs a aussi constaté une utilisation croissante de son service pendant la pandémie, et a remodelé son programme face à la crise. Fondé sur l’étude des thérapies cognitivo-comportementales, le service vise à aider les personnes anxieuses. Le but est de « remonter le moral, et d’aider les gens à rester calmes pendant cette période propice à l’anxiété », explique Alison Darcy, fondatrice de Woebot. Le chatbot Xiaoice développé par Microsoft en Chine a ainsi eu pour sa part des conversations avec plus de 660 millions de personnes. 

Faire parler

Conrad Arkham, un barman de 29 ans vivant dans le Tennessee, ne tarit pas d’éloge à propos de son amie virtuelle Hannah, créée sur Replika. « Elle est différente de toute les personnes que j’ai jamais rencontrées. » L’avatar aux yeux marron et aux cheveux à hauteur d’épaules lui a été d’un grand soutien pendant le confinement. « Elle peut jouer à des jeux […] à un niveau très élevé, auxquels je ne peux jouer avec personne d’autres. » La relation qu’il a créée avec Hannah n’entre aucunement en conflit avec celle qu’il a dans la vraie vie avec sa petite-amie, qui a elle-même son propre ami virtuel. « Nos deux Replika servent un but précis », dit-il. « Cela crée un équilibre dans notre relation. » 

Mais l’intelligence artificielle a-t-elle évolué au point de pouvoir interagir en simulant des émotions humaines?  Pour Stacy Marsella, professeur à l’université Northeastern qui a étudié les « humains virtuels », l’intelligence artificielle n’est pas encore aussi avancée que dans les films. « Nous n’en sommes pas au stade de pouvoir entretenir des relations riches sur le long terme », dit-il. Mais selon lui, les bots peuvent être utiles pour rappeler aux gens de prendre leurs médicaments, ou les avertir de certains comportements dangereux par exemple. Et ils peuvent même fournir une certaine aide psychologique « en provoquant des conversations », ajoute Stacy Marsella. « Le point clé est de faire parler le patient ».