Des infrarouges pour soigner les abeilles
Y compris dans les pays qui ont récemment interdit ce type de produit, les insecticides de la famille des néonicotinoïdes menacent les abeilles à travers le monde car ils perdurent longtemps dans les écosystèmes. Mais les insectes pollinisateurs vont peut-être pouvoir bénéficier d’une thérapie à base de lumière infrarouge.
Yseult Berger - Publié le
Utilisés comme insecticides depuis les années 1990, les néonicotinoïdes agissent sur le système nerveux central des insectes. Une récente étude de Nature Communications a montré qu’ils pouvaient multiplier par trois la mortalité des abeilles sauvages. Chez ces insectes pollinisateurs, ils compromettent la production d’énergie dans les cellules en portant atteinte à leurs mitochondries. Du coup, la mobilité des insectes diminue : incapables de se nourrir, ils meurent de faim.
Photothérapie
Pour contrer les effets nocifs de ces pesticides, le professeur Glen Jeffery, de l’institut d’ophtalmologie de l’UCL, à Londres, a testé un petit appareil de photothérapie infrarouge à l’intérieur des ruches. Ses travaux sont publiés dans la revue Plos One.
Les chercheurs ont utilisé quatre groupes d’abeilles provenant de ruches commerciales. Deux groupes ont été exposés à l’imidaclopride, la substance active des néonicotinoïdes, pendant dix jours. Puis, les deux groupes empoisonnés, ainsi qu’un troisième groupe sain, ont reçu deux fois par jour 15 minutes de lumière infrarouge dans leur ruche.
Les abeilles exposées aux néonicotinoïdes et traitées aux infrarouges (à droite) reprennent une activité supérieure aux abeilles non traitées (à gauche).
Résultat : les abeilles empoisonnées et traitées avec la thérapie lumineuse ont montré des taux de mobilité et de survie équivalents à ceux des abeilles saines. La lumière infrarouge est en effet capable de modifier directement le fonctionnement des mitochondries. Les chercheurs ont en outre montré que cette exposition n’interfère pas avec le comportement des abeilles, car elles ne voient pas ces longueurs d’onde. Quant au groupe sain ayant également reçu la luminothérapie, sa survie était encore meilleure que le groupe témoin (n'ayant pas bénéficié de ce traitement).
Si les chercheurs de cet institut d’ophtalmologie étudient la photothérapie infrarouge chez l’insecte, c’est aussi en raison de ses vertus pour d’autres animaux, y compris les êtres humains, notamment pour contrer les effets du vieillissement et de certaines maladies neurologiques.