De nouvelles traces d’australopithèques ont été découvertes à Laetoli, en Tanzanie : treize empreintes de pieds, qui complètent la trentaine d’empreintes déjà découvertes en 1978, à quelque 150 mètres de là – les plus anciennes du monde attribuées à des hominidés. Datées de plus de 3,66 millions d’années, elles permettent de connaître un peu mieux ces êtres qui appartiennent à la même espèce que la célèbre Lucy, Australopithecus afarensis, connue par les fossiles découverts en Afrique de l’Est dans les années 1970. 

Selon l’étude italo-tanzanienne parue le 14 décembre dans la revue eLifeces nouvelles empreintes sont inscrites, comme les précédentes, dans une couche de cendre volcanique. Mais elles sont beaucoup plus grandes que celles de 1978 – elles correspondent à une pointure 42 – et laissent à penser que l’individu qui les a produites mesurait environ 165 centimètres (contre 120 à 150 cm pour les trois individus découverts en 1978 et seulement 110 cm pour Lucy) pour un poids de 44 à 48 kilogrammes (contre 25 kilos pour Lucy). C’est d’ailleurs cette corpulence hors norme pour un australopithèque qui lui vaut son surnom de « Chewie », en référence au personnage de Chewbacca dans La Guerre des étoiles. À ses côtés se déplaçait un individu à la taille et la corpulence plus modestes (146 cm et 39 kilos). Ces impressionnantes empreintes pourraient appartenir à un grand mâle, qui se serait trouvé à proximité des femelles et des jeunes découverts plus tôt. Faut-il pour autant en déduire que les australopithèques étaient polygames, comme les grands singes, et non monogames, comme le sont plutôt les Humains ? Pour en être certain, il faudra d’autres découvertes de ce genre. 

Les archéologues ignoraient jusqu’à aujourd’hui que la taille d’A. afarensis pût varier dans des proportions aussi sensibles d’un individu à l’autre. Pour Fidelis T Masao, du département d’archéologie de l’université de Dar Es Salaam, auteur principal de l’étude, cette découverte montre donc que « certains australopithèques, ou du moins A. afarensis, ont une taille proche de celle d’espèces plus tardives d’Homo, comme H. erectus et H. sapiens ». Et d’ajouter : « Notre étude montre donc le caractère non linéaire de l’évolution de la taille des hominidés et contraste avec l’hypothèse selon laquelle l’émergence d’Homo et/ou la sortie de l’Afrique sont reliées à une augmentation brutale de la taille ». Enfin, souligne le chercheur, une telle découverte rappelle que « le tableau offert par les fossiles disponibles à ce jour peut conduire, de manière erronée, à sous-estimer la diversité phénotypique sur une période donnée ».