Le plastique pas fantastique
Une étude inédite menée en Suède montre que les particules de plastique, telles qu’on en trouve dans la plupart des mers du monde, perturbent le cycle des poissons à tous les stades de leur développement.
Olivier Boulanger - Publié le
Comme l’ont montré plusieurs missions océanographiques, la présence de plastiques dans l’ensemble des mers du globe prend des proportions inquiétantes. Le problème vient notamment des microparticules de moins de 5 mm issues de la décomposition de déchets plus grands. Paradoxalement, leur impact sur les espèces marines reste mal connu. Et à l’université d’Uppsala, en Suède, Oona Lönnstedt et Peter Eklöv ont voulu étudier les conséquences de cette pollution sur des perches de mer, une espèce présente dans la Baltique.
En aquarium, les chercheurs ont élevé des œufs et des larves dans une eau contenant des particules de polystyrène à des taux comparables à ceux que l’on rencontre dans la mer Baltique. Leurs conclusions, publiées dans la revue Science, sont que les microplastiques viennent perturber le cycle des poissons à tous les stades de leur développement.
Premier effet : une baisse notable des éclosions allant jusqu’à 15 %. Les microparticules affectent ensuite la croissance des larves. Ces dernières sont généralement plus petites et moins actives. Plus inquiétant, elles se ruent sur les particules de plastique et dédaignent leur nourriture habituelle.
Pire, elles perdent la capacité à détecter l’odeur de leur prédateur. En présence d’un brochet, elles se font dévorer quatre fois plus vite que les larves témoins, et sont toutes exterminées en moins de 48 heures. Cette étude inédite montre ainsi qu’en agissant à la fois physiquement et chimiquement sur le cycle des poissons, les microparticules de plastique sont à même de perturber l’ensemble de la chaîne alimentaire.