Migration vers le haut d'A. salina dans un réservoir. © Isabel Houghton
Chaque nuit, sur la planète Terre, un phénomène aussi massif que mystérieux se déroule dans les profondeurs marines : la migration verticale. Vraisemblablement influencé par les variations lumineuses, le zooplancton, constitué de diverses espèces animales et de larves de crustacés, remonte vers la surface. Il est suivi de près par ses prédateurs et par de nombreux autres animaux préférant se nourrir dans l’obscurité. Il en résulte, nuit après nuit, un mouvement général d'ascension aquatique qui bat tous les records planétaires en termes migratoires !
Dans une communication publiée ce mois-ci dans la revue Nature, une équipe de l’université de Stanford défend la théorie selon laquelle les turbulences générées par le zooplancton sont capables de modifier le milieu marin. À lui seul, certes, un individu de taille centimétrique n'influence pas le comportement des masses d’eau, bien que l’on observe des turbulences à son passage.
Mais les modélisations informatiques et les expériences menées par les scientifiques sur des larves d’Artemia salina, un petit crustacé, suggèrent que lorsque les communautés sont en nombre suffisant, elles sont capables de générer un flux ascendant dans la colonne d’eau sur une épaisseur de plusieurs dizaines de mètres !

Artemia salina. © Isabel Houghton et JR Strickler (UWM)
Comme l'océan se compose de couches d'eaux aux propriétés physico-chimiques différentes, les courants ascendants sont bienvenus pour faire remonter les nutriments issus des profondeurs vers la surface, où la faune et la flore océaniques en ont le plus besoin.