Comment améliorer les analyses du rover Curiosity qui parcourt le sol martien depuis son arrivée, en 2012 ? D’abord en sélectionnant de manière pertinente les échantillons à analyser. C’est la fonction du logiciel Aegis (Autonomous Exploration for Gathering Increased Science, littéralement « exploration autonome pour un recueil scientifique accru »), qui guide l'instrument ChemCam dans le choix des échantillons de roches martiennes à analyser.
Jusque-là, le choix des cibles nécessitait de multiples échanges entre Curiosity et la Terre et prenait donc beaucoup de temps. Installé à distance depuis la Terre en octobre 2015, testé durant des mois, le logiciel Aegis se charge désormais de la sélection. Les résultats de son travail ont été publiés dans la revue Science Robotics du 21 juin 2017. Entre mai 2016 et avril 2017, Curiosity a parcouru 2,5 kilomètres de distance sur Mars et utilisé Aegis à 54 reprises. Dans 93 % des cas, les échantillons choisis se sont révélés pertinents. Sans lui, ce pourcentage n’aurait été que de 24 %, selon l’estimation de la Nasa.

Une autonomie fructueuse

Grâce à ce logiciel, les scientifiques ont même pu réaliser des analyses impossibles à mener autrement. Par exemple, Aegis a été capable de détecter des fragments de météorite ou de roches riches en silice, ce qui a débouché sur de nouvelles analyses.

C’est la première fois qu’un instrument est doté d’une intelligence artificielle lui permettant de fonctionner en toute autonomie ailleurs que sur Terre. Cela évite de saturer les échanges de données entre Mars et la Terre avec des informations sans intérêt scientifique. À l’avenir, ce système pourrait être utilisé pour rendre les sondes spatiales plus autonomes, et donc plus efficaces et plus adaptables.