Une barrière flottante d’une longueur de 120 mètres, toute première étape du projet, est déployée ces jours-ci au large de San Francisco. L’objectif est ambitieux : il s’agit de piéger et d’extraire en cinq ans la moitié des 80 000 tonnes de plastique qui constituent la grande poubelle du Pacifique (Great Pacific Garbage Patch en anglais). Cette zone trois fois grande comme la France, soit 1,6 million de kilomètres carrés, est située entre la Californie et Hawaii.
À titre expérimental, ce premier barrage en forme de U devrait permettre de collecter pas moins de trois tonnes de déchets par semaine. Constitué d’un assemblage de 51 tubes flexibles et rigides à la fois, en polyéthylène, un matériau recyclable et durable, il mesurera à terme environ 600 mètres de long. Des ancres flottantes immergées à 600 mètres de profondeur le maintiendront en place, sans piéger les animaux marins. Un rideau géotextile capturera les déchets plastiques qui flottent près de la surface, et qui seront régulièrement récupérés par un remorqueur.

The Ocean Cleanup utilise les courants océaniques comme force motrice pour attraper et concentrer le plastique. En suspendant une grande ancre marine dans une couche d’eau profonde et lente, le système est suffisamment ralenti pour que le plastique, sous l’action des vagues, du vent et des courants, se déplace plus vite que le système de nettoyage. Les déchets de plastique s’accumulent ainsi contre le dispositif puis, grâce à la forme en U de la barrière, se dirigent vers son centre.
Les déchets ramenés à terre seront recyclés en téléphones, lunettes, mobilier etc. de haute qualité : une seconde vie « durable » pour le plastique de ce tristement célèbre « septième continent », espère son concepteur.
Le projet de Boyan Slat a beaucoup évolué depuis le concept d’origine, entre autres grâce au succès de son financement. Cependant, la communauté scientifique a émis plusieurs doutes quant à la méthode, sa faisabilité et son efficacité. Certains chercheurs estiment aussi que travailler en amont pour réduire l’afflux de plastique en mer serait une solution beaucoup plus judicieuse.