Solar Impulse 2 en route pour boucler son tour du monde
Le 9 mars dernier, l'avion solaire Solar Impulse 2 s’est élancé de la piste de l’aéroport d’Abou Dabi pour boucler son premier tour du monde. L’expérience, qui devrait s’étaler sur cinq mois, vise notamment à promouvoir l’utilisation de l'énergie solaire.
Marie-Lyne Bazerji - Publié le
L’avion solaire Solar Impulse 2 a achevé les premières étapes de son tour du monde avec succès. L’appareil, qui s’est envolé le 9 mars 2015 d’Abou Dabi, devrait y revenir après avoir franchi les 12 escales de son audacieuse épopée. Loin de ne durer que 80 jours comme dans la fiction de Jules Verne, ce périple devrait s’achever dans cinq mois, en cumulant 25 jours de vol au compteur. L'appareil a déjà rejoint Oman, puis Ahmedabad dans l’ouest de l’Inde. Et dans quelques jours, il entamera sa plus longue étape : un vol de cinq jours consécutifs pour rallier Hawaï depuis Nankin, en Chine.
Promouvoir les énergies renouvelables
Solar Impulse 2 est un monoplace, mais deux pilotes se succèdent aux commandes de l'avion solaire : Bertrand Piccard, 57 ans, et André Borschberg, 63 ans – les instigateurs du projet qui a vu le jour dès 2003 à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse.
Leur ambition initiale était de faire voler de jour comme de nuit, sans carburant ni émission polluante, un avion à moteurs électriques alimentés uniquement par l'énergie du Soleil. La lutte contre le réchauffement climatique fait partie de leurs principales motivations : « Les technologies propres et les formes d’énergie renouvelables constituent une partie de la solution dans la mesure où elles peuvent protéger l’environnement, créer des emplois et générer du profit pour les entreprises », explique Bertrand Piccard. Le projet, dont le coût cumulé depuis douze ans dépasse 150 millions de francs suisses (environ 140 millions d'euros), s'appuie sur un financement privé réunissant plus de 90 partenaires issus de tous les horizons.
Plus grand qu'un 747
Pour concrétiser ce rêve, il fallait certes de l’imagination, mais surtout de la technologie ! Afin de démontrer la viabilité du projet, un premier prototype a été mis au point en 2007 : Solar Impulse 1. Cette première version n'a pas été conçue pour faire le tour du monde, mais elle a réalisé plusieurs dizaines de vols internationaux, remportant au passage huit records mondiaux dont celui, en juillet 2010, du premier vol jour et nuit d'un avion sans carburant en 26 h.
Solar Impulse 2 (SI2) a bénéficié de l’expérience acquise par l’équipe avec son prédécesseur. Reste qu'avec ce nouvel avion, le défi est tout autre : voler durant plusieurs jours, dans des conditions climatiques parfois incertaines, en accueillant le pilote dans de bonnes conditions. Ce nouvel avion est donc plus grand : avec son envergure de 72 mètres, il dépasse celle d'un Boeing 747 ! Cette taille lui permet de minimiser sa traînée et d’offrir une surface maximale aux cellules solaires. Paradoxalement, il est plutôt léger, à peine plus lourd qu'une voiture, avec ses 2,3 tonnes. Quant à sa vitesse, elle reste modeste pour un avion : 30 à 140 km/h.
SI2 dispose de 17 248 cellules solaires, soit 5 000 cellules photovoltaïques de plus que le premier prototype. Avec ses batteries au lithium alimentant les quatre moteurs électriques, il peut voler dix heures environ lorsque le ciel est nuageux ou quand le Soleil est couché. Grâce à la mobilisation de certains industriels, il bénéficie en outre de cellules photovoltaïques plus fines que celles disponibles sur le marché, d'électrolytes inédits permettant d’augmenter la densité énergétique des batteries, et de fibres de carbone d’une légèreté jamais vue : autant de nouveaux matériaux et d'innovations qui trouveront peut-être un jour des débouchés dans des applications domestiques, comme les voitures électriques.
Malgré ses exceptionnelles performances, Solar Impulse 2 reste un avion rustique laissant peu de place au confort des pilotes. Le poste de pilotage n'est ni pressurisé ni chauffé, si bien que les pilotes devront s’adapter aux conditions extrêmes de température : de -40° C à + 40° C selon l’altitude, laquelle ne peut excéder 8500 mètres car la concentration des pilotes est mise à rude épreuve au-delà du fait de l'hypoxie cérébrale induite (manque d'oxygène). Seul soutien : la présence d'un pilote automatique permettant au pilote de souffler un peu durant les longues phases de vol, en particulier durant les vols de nuit.
Pour l'heure, Solar Impulse 2 poursuit sa route autour du monde. Mais vous pouvez désormais venir admirer son prédécesseur, Solar Impulse 1, à la Cité des sciences : le prototype y restera exposé durant près d'un an.