Ubiquity : la réalité augmentée entre au musée
Informaticiens, historiens et architectes ont travaillé de concert pour mettre au point l’application Ubiquity, capable de replacer des œuvres muséales dans leur contexte. Une expérience immersive qui pourrait bientôt se retrouver dans les espaces d’exposition.
Chloé Huguenin - Publié le
Une œuvre sortie de son contexte, n’est-ce pas un peu comme un buste sans tête ? Avec son application Ubiquity, la société Art graphique et patrimoine (AGP) propose de découvrir les œuvres d’art dans leur « environnement naturel ». Le principe est simple : l’utilisateur place une tablette numérique devant un tableau, une fresque ou tout autre ouvrage d’art, le logiciel le scanne, le reconnaît et propose alors une visite virtuelle à 360° du lieu dans lequel l’œuvre était originellement exposée. Lors d’une démonstration à la Cité de l’architecture et du patrimoine, par exemple, un prototype a permis aux personnes présentes de se promener virtuellement dans la basilique de Vézelay, en partant du seul moulage de son portail central.
Pas de séquelles pour les œuvres
La particularité de ce dispositif réside dans son processus de reconnaissance des formes en temps réel : le « tracking ». Grâce à ce système, nul besoin de marqueurs qui défigureraient les œuvres. Le logiciel effectue la reconnaissance à partir de marqueurs virtuels préalablement scannés. « Dans le cas du moulage du portique de Vézelay, pour que la modélisation fonctionne, nous avons dû faire reconnaître au logiciel plusieurs millions de points sur l’œuvre, dont des courbes très serrées », explique Jérémy Dufour, programmateur d’Ubiquity. La complexité de ce système ne dépend donc pas de la taille de l’objet, mais de la diversité de ses formes géométriques. Cependant, quelques obstacles subsistent. Les reflets des vitrines ainsi que les différences de lumière selon la météo compliquent la reconnaissance.
Le virtuel au service de la culture
Depuis sa première version, créée à l’occasion du festival Futur en Seine en 2014, l’application s’est améliorée. Elle est aujourd’hui disponible sous forme de prototype, adaptable en fonction des objectifs de chaque espace d'exposition – des pastilles d’information, photos et vidéos, peuvent être ajoutées sur demande. Reste à savoir si le public répondra de manière favorable à l'utilisation du virtuel dans ces lieux dédiés à l'authenticité. Réalité augmentée, modélisation 3D, relevés archéologiques, images de synthèse... En attendant, sur le front du patrimoine et du numérique, les concepts technologiques se multiplient. Comme Ubiquity, d’autres programmes existent déjà, notamment pour reconstituer virtuellement des ruines ou obtenir des informations sur le passé d’une ville. Des parcours touristiques de réalité augmentée pourraient bientôt voir le jour, ainsi que des immersions en temps réel dans des histoires fictives à partir de lieux symboliques.