En 2012, une entreprise britannique spécialisée dans les nanotechnologies a mis au point le Vantablack, une matière composée de nanotubes de carbone agencés de telle manière qu’ils absorbent près de 100 % de la lumière. Le résultat est un noir tellement opaque que l’œil ne parvient plus à distinguer les reliefs.
Or ce super noir existe dans la nature : certains oiseaux de paradis en ont fait l’atout de leur séduction. Chez ces oiseaux, la compétition sexuelle est si vive que les mâles rivalisent de beauté pour séduire les femelles au cours de parades nuptiales endiablées. Parmi la quarantaine d’espèces de paradisiers connus, cinq utilisent le super noir. Un super noir tellement opaque que la silhouette de l’oiseau disparaît pour laisser éclater la splendeur des autres couleurs. 

Comme l'explique une équipe de biologistes de l’université de Harvard dans la revue Nature, cette couleur n’est pas un pigment coloré. Ce sont la forme et la disposition des barbules de la plume qui permettent de piéger la lumière. Les barbules sont de minuscules poils, ou filaments, qui tapissent les barbes de la plume, comme le feuillage tapisse les branches d’un arbre. Contrairement aux plumes noires classiques, les barbules des plumes super noires sont orientées à la verticale et c’est cette inclinaison qui empêche la lumière de s’évader.

Le pouvoir absorbant de ces barbules est tel que même enduite d’une couche de peinture dorée, la plume super noire reste noire, contrairement à la plume noire classique située à gauche de l’écran.
Le super noir du paradisier n’est pas le seul exemple connu dans la nature. Des serpents et certains papillons arborent aussi des taches super noires. Mais l’effet sur l’oiseau de paradis est particulièrement saisissant.