Certains d'entre nous ont un mauvais sens de l'orientation. Dans un monde où les systèmes de navigation par satellite sont partout, il s’agit davantage d’un sujet de plaisanterie que d’un handicap. Et pourtant... Pour Roger McKinley, spécialiste des systèmes de navigation par satellite, la situation est plus préoccupante qu’il n’y paraît et cette aptitude naturelle pourrait un jour disparaître. Cet ancien président du Royal Institute of Navigation vient de publier un article d’opinion dans Nature, dans lequel il expose les limites de la navigation par satellite. Au-delà de l’aspect fiabilité – les systèmes de localisation par satellite ne fonctionnent pas partout –, il insiste pour dire qu’ils ne peuvent pas se substituer au sens inné de l’orientation : « L’orientation, ce n’est pas simplement connaître sa position. Je me souviens d’une fois, j’ai suivi mon GPS jusqu’à une maison de campagne et je me suis retrouvé devant un portail sur lequel une pancarte indiquait “Voie sans accès. Le GPS se trompe”. Ma position était pourtant rigoureusement exacte, mais il ne savait pas interpréter les routes ». Notre sens de l’orientation a donc toujours de l’avenir devant lui. Et pour le préserver, il faut s’en servir. « Soit on s’en sert, soit on le perd », insiste Roger McKinkey. « Dans un simulateur, les conducteurs qui suivent les instructions d’un GPS ont plus de mal à se repérer que ceux qui ont utilisé une carte. Ils ne remarquent généralement pas non plus qu’on les a fait passer deux fois au même endroit. » Il conclut en proposant une approche qui marie technologie intelligente et utilisateurs compétents, et insiste sur la nécessité de l’enseignement de l’orientation à l’école.