Pour ceux qui en doutaient encore, les chiens peuvent nous comprendre. Et pas seulement grâce à notre intonation. En étudiant l’activité neuronale de treize chiens, des chercheurs hongrois ont pu déterminer quelles régions du cerveau sont activées par le langage. Publiés dans la revue Science, leurs résultats montrent que les mots et l’intonation avec laquelle ils sont prononcés sont traités dans deux régions distinctes du cerveau, et que seul un compliment prononcé sur un ton approprié active le circuit de la récompense. Cette dernière observation suggère que nos amis canins sont capables d’associer les deux types d’information pour en tirer une signification globale.

IRM fonctionnelle du chien durant les expériences. En rouge et en jaune : les zones activées par la parole humaine. En vert, la zone activée lors d’un compliment prononcé avec la bonne intonation.
« L’utilisation de l’IRM est très nouvelle en éthologie », précise Florence Gaunet, chercheuse en biologie du comportement animal au CNRS. Les auteurs de l’étude ont en effet obtenu ces résultats grâce à l’IRM fonctionnelle, une technique d’imagerie utilisée pour étudier l’activité d’un organe in vivo. « Jamais auparavant nous n’avions eu accès à ce genre de technique dans le domaine, note la chercheuse. Et les résultats confirment ce que les spécialistes pressentaient. »

Des mécanismes cérébraux similaires à l’homme

Le traitement de la parole fonctionne de manière similaire chez le chien et chez l’homme. Dans le cerveau des deux espèces, la signification des mots est essentiellement traitée par l’hémisphère gauche, l’intonation, elle, est traitée dans une région de l’hémisphère droit. Cette similitude entre les mécanismes cérébraux humains et canins semble suggérer que, dans un contexte riche en échanges verbaux, le cerveau des chiens est capable d’associer une représentation cérébrale à un mot, même s’il n’est lui-même pas doté de la parole.

« Pour ce qui est du traitement de l’intonation, on sait depuis longtemps qu’il existe des caractéristiques acoustiques communes dans la manière dont les animaux, notamment les mammifères et les oiseaux, expriment certaines émotions (cf : Morton, 1977). Rien d’étonnant donc à ce que les chiens soient capables d’interpréter nos émotions », commente la spécialiste en éthologie canine. Par exemple, les sons discordants, bruyants, et de fréquence basse expriment l’agressivité et l’hostilité.
« En revanche, pour ce qui est du traitement lexical, il faut rester prudent, tempère la chercheuse. Oui, les chiens associent un sens à certains des sons que nous prononçons, mais pas forcément de la même manière que nous. Ils se souviennent de certains mots qui ont pour eux un sens fonctionnel, en revanche rien ne prouve qu’ils aient une approche conceptuelle des mots. »