SUPERNATUREL SEPTEMBRECOMMENTAIRE
En aout, rappelez vous, c’était en festival de couleurs. Fleurs et insectes rivalisaient de teintes chatoyantes. Mais était ce pour attirer des partenaires et faire joli ou plutôt pour effrayer l’ennemi éventuel tapi dans les herbes ? Les fruits étaient murs, les graines volaient dans le vent
GENERIQUE
Septembre dans le verger. Les feuilles des cerisiers commencent à jaunir. Les cyclamens s’épanouissent sous les arbres. Chacun semble très occupé que ce soit l’écureuil ou la buse.
L’automne arrive et avec lui deux cigognes de passage dans leur voyage vers l’Afrique et ses terre ensoleillées. Avec les modifications climatiques certaines s’arrêtent en Espagne et d’autres commencent à passer l’hiver en France.
Mais l’activité étonnante de septembre a lieu ailleurs. Tapies dans les herbes, les araignées sont partout. Cette Argiope, ou épeire frelon femelle invisible avec ses rayures jaunes et noires se gave de criquets, mouches et papillons, tout ceux qui se feront prendre au piège de sa toile. Elle leur injecte un venin paralysant qui lui permet également de liquéfier les chairs de ses victimes.
C’est que la fin de l’été est la saison des amours chez les araignées, une histoire risquée pour les mâles en recherche prudente de partenaires. Après une parade nuptiale intense le couple de forme. Le mâle possède un bulbe copulateur comme un gant de boxe qu’il insère dans la fente génitale de la femelle. Dans cette espèce, les Lynifie triangulaires, monsieur n’est pas dévoré par madame. Et là, on peut vraiment parler d’amour sur la toile.
L’ Argiope femelle fécondée se met au travail, elle tisse, attrape, mange pour enfin pondre entre 600 et 1000 œufs par une nuit d’automne. Pendant plusieurs heures l’Argiope fabrique un cocon qui permettra à ses œufs d’attendre le printemps. C’est un véritable chef d’œuvre d’ingéniosité construit avec plusieurs types de soie aux fonctions différentes. Il y a une couche moelleuse contre le froid, une contre la pluie, la dernière pour le rendre invisible, avec des fils solides pour bien l’accrocher aux herbes. Au matin, tout est terminé. Cette Argiope pondra encore une ou deux fois avant de mourir.
Septembre c’est aussi le mois ou le lierre est en fleur. De couleur jaune verdâtre, elles sont regroupées en ombelles et sécrètent un nectar très riche en sucre, il cristallise même sur les fleurs, voilà pourquoi il est très prisé en cette fin d’été ou les ressources se font rares. Les fleurs libèrent un abondant pollen. Les abeilles vont l’utiliser en réserves alimentaires en vue de la mauvaise saison.
Les araignées évidemment sont de la partie, comme cette araignée sauteuse tapie sous les fleurs . Elle a attrapé une mouche, un syrphe, bien plus gros qu’elle.
Le lierre fleurit en automne, du coup, il n’y a pas de concurrence pour la pollinisation avec les arbres qu’il colonise qui eux fleurissent au printemps. On croyait que le lierre était un parasite, les scientifiques ont montré qu’il n’en n’était rien. Par ses feuilles persistantes, il protège les arbres du gel, du feu, des animaux. Il arrête également les champignons, parasites et bactéries. Quant aux poils ventouses de cette liane, ils ne provoquent pas de dommage à l’arbre qui le porte car le lierre ne se nourrit que par son système racinaire souterrain.
C’est en fait un bel exemple de mutualisme, de coopération puisque l’arbre et le lierre tirent tous deux des bénéfices de leur association. La coopération entre espèces est partout dans le monde vivant au même titre que la compétition. Sans alliance, il n’y aurait pas de vie sur cette planète.