EPISODE 8 : « Sur le retour, les tourbillons »
Après 3 semaines en mer, il est temps pour l’expédition SOCLIM de quitter le poleles mers du Sud, et de remonter vers les latitudes équatoriales tropicales de l’ile de la Réunion.
Mais s’il y a bien un rituel auquel les membres de la mission n’échappent pas, c’est celui du courrier ! Les lettres qui s’apprêtent à quitter le bateau sont estampillées de timbres et de tampons chers aux philatélistes du monde entier ! Et rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir un jour reçu une carte des îles Kerguelen !
Rémi Laxénaire est un océanographe un peu particulier, car son travail consiste à chercher des tourbillons dans l’océan. Et les tourbillons qui l’intéressent n’ont rien d’effrayant, leur rotation, lente et très étendue, n’engendre aucune agitation à la surface… si bien que le bateau les traverse sans même s’en apercevoir !
Découvertes récemment par les océanographes, ces structures peuvent atteindre 150 kilomètres de large, pour 1 km de profondeur ! et depuis le ciel, photographiée par les satellites, la chlorophylle nous dévoile leur forme et leur ampleur.
Depuis son bureau de l’école normale supérieure de Paris, Sabrina Speich envoie chaque jour à Rémi des relevés satellitaires, afin qu’il les compare aux données acquise par les appareils embarqués.
Itw Sabrina Speich « l’océan est un milieu très turbulent, et on s’est aperçu notamment avec les images satellites que l’océan est plein de tourbillons. »
ITW Rémi Laxénaire : « Donc moi je détecte ces tourbillons et je regarde si on est censés les avoir traversétraversés d’après l’algorithme.
À l’instar des prévisions météorologiques qui modélisent l’atmosphère, les océanographes ont développé une modélisation des tourbillons océaniques. Cette modélisation a besoin d’intégrer des données brutes, et d’être vérifiée pour corriger d’éventuelles erreurs.
Infographie : L’intérêt des tourbillons, c’est qu’ils mélangent les différentes couches sur une profondeur pouvant atteindre 1000 mètre. Ils ont une fonction régulatrice sur la température de l’océan, en faisant remonter de l’eau froide vers la surface. Mais ce n’est pas tout…
Itw Sabrina Speich « Ils peuvent échanger aussi des contenus en sels nutritifs, qui sont la base pour qu’un écosystème marin se développe, et pour qu’il puisse ensuite absorber le gaz carbonique grâce à l’activité biologique. »
Le travail effectué par le Laboratoire de Météorologie Dynamique de Sabrina Speich contribue à améliorer la prédiction des mouvements des tourbillons. au delà des questions climatiques, ces données intéressent aussi le secteur de la pêche, car là où il y a du phytoplancton, il y a tout le reste de la chaîne alimentaire !
Et lorsque Rémi abandonne ses équations, c’est pour préparer la mise à l’eau des bouteilles de prélèvements. Comme tous les membres de la mission SOCLIM, Rémi apprécie particulièrement le fait de travailler sur le Marion Dufresne. Un bateau dont l’histoire a croisé la sienne bien avant qu’il ne se destine à devenir chercheur.
ITW Rémi Laxénaire : « Moi je viens de la Réunion, j’ai vu partir ce bateau quand j’étais petit, j’ai toujours entendu parler de Kerguelen. C’est ma deuxième mission dans l’océan austral, la dernière fois j’étais allé plus Sud, j’étais allé aux glaces, sur un brise-glace. Mais là c’est un des moteurs qui m’a mené vers l’océanographie, découvrir l’océan ouvert plutôt que l’océan côtier, c’était aussi ces grandes mission sur ce bateau vers Kerguelen. »
Pour Rémi et les autres scientifiques, la mission dans les mers du pole sud touche à sa fin. Il faut déjà songer au débarquement du matériel, et il faut remettre le navire dans l’état où ils l’ont trouvé, quelques semaines auparavant.
Stéphane Blain : « Donc ça c’est une image qui a été récupérée le 28 octobre, où Kerguelen et toute la partie Est est complètement dégagée. Le site de mouillage est là, et ce qu’on voit apparaitre ici en orange c’est déjà le début du bloom. Ce qui nous intéresse c’est vraiment de suivre ce développement de bloom et ensuite comment la matière qui est fabriquée là, va descendre et arriver au fond. »
Et chaque chercheur fait la synthèse de son projet dans le cadre de la mission.
Julia Uitz : « Les mesures radiométriques de la couleur de l’eau, les satellites se trompes et donnent de ont tendance à sous-estimer la concentration en chlorophylle dans l’océan austral. »
Rémi Laxénaire : « Bon, alors déjà, pourquoi les tourbillons ? Alors je vais être rapide parce qu’on pourrait en parler une heure ! »
Il reste encore quelques sondages profonds de la colonne d’eau à effectuer sur le trajet du retour, et l’ambiance est beaucoup plus détendue. L’équipe profite des derniers instants à bord. Demain, l’intégralité de l’équipage se retrouvera pour la traditionnelle fête de fin de mission…