EPISODE 6 « Des robots sentinelles »
Au terme d’une semaine de voyage, la campagne Soclim quadrille maintenant les abords de l’archipel des Kerguelen, zone clé dans la fertilisation de l’océan austral. Mais les océanographes ne peuvent pas rester plus de 2 mois dans cette région coupée du monde. Car ils atteignent les limites d’autosuffisance offertes par le Marion Dufresne, navire à la fois scientifique, et ravitailleur des terres australes et antarctiques françaises.
Quand les océanographes ne sont pas en mer, ils sollicitent leurs précieux alliés, les satellites… Mais l’équipe SOCLIM ne peut pas se pleinement exploiter leurs données, car les propriétés optiques de l’eau de mer sont trop particulières ici … les satellites donnent de mauvaises estimations de la quantité de chlorophylle marine…
Heureusement, une solution existe : les flotteurs autonomes. Discrets mais redoutables, ces sentinelles marines sont capables de travailler en l’absence des scientifiques.
Indissociables de leurs cousins les satellites, avec a qui ils communiquent transmettent leurs données, Les flotteurs sont des outils océanographiques dépourvus de système de propulsion, qui dérivent au gré des courants. Bardés de capteurs, ils renseignent aujourd’hui de plus en plus de paramètres, des plus simples comme la température et la salinité, aux plus complexes relatifs à la vie biologique. Un système pneumatique alimenté par une batterie permet de les positionner où l’on veut dans la colonne d’eau.
Christophe Penkerch,’ du laboratoire océanographique de Villefranche sur mer, assemble sur le bateau les différents composants des appareils avant leur largage.
Itw christophe Penkerc’h : « On a le tube d’aspiration de l’eau, ensuite à l’intérieur c’est là qu’il va mesurer la salinité et la température, et là on a le capteur qui va mesurer la pression. Ensuite on va avoir deux capteurs sur chaque extremité du bras ici ça va mesurer la quantité de lumière qui arrive dans la mer, et on a un dernier capteur celui-ci que je vais monter qui lui en fait va mesurer la quantité de phytoplancton qu’il y a dans l’eau. »
Avant de confier ses flotteurs à l’océan, Christophe doit s’assurer que la liaison satellite fonctionne, grâce au bip émis par l’antenne. La mise à l’eau est définitive, l’appareil ne sera jamais récupéré. Il fonctionnera jusqu’à épuisement de ses batteries, d’ici 3 ou 4 ans.
Itw Christophe Penkerc’h : « J’aime bien les voir s’éloigner et m’assurer qu’ils plongent progressivement. »
Une fois sous l’eau, l’ordinateur embarqué assure à nos sentinelles marines un programme de travail des plus strictes ! Et c’est depuis le laboratoire de villefranche sur mer que tout a été planifié.
Itw Hervé Claustre : « Donc le flotteur reste en dérive à 1000 mètres pendant 9 jours, et le 10ème jour il remonte depuis 1000 mètres jusqu’à la surface, et pendant toute cette remontée il va peut être mettre 6 – 7 heures il va prendre des mesures très régulières jusqu’à la surface.
La position GPS desDes qu’ils sont activés, la position GPS des flotteurs apparaît immédiatement dans la base de donnée internationale ARGO, dans laquelle les scientifiques du monde entier partagent leurs données océanographiques.
La mission SOCLIM va apporter sa contribution en déposant 10 flotteurs dans l’océan austral, dont les flotteurs BIO ARGO, ceux capable de détecter le phytoplancton, qui n’avaient jamais été déployé dans cette région.
Itw Hervé Claustre : « il y a 4000 de ces flotteurs, pas que des flotteurs français, de différentes compagnies
Mais pour mener à bien leurs tâches scientifiques, les flotteurs de la mission SOCLIM devront aussi endurer les conditions extrêmes qui sévissent autour du pole sud…
Itw Christophe Penkerc’h : « Le défi est plus par rapport au milieu et à l’environnement dans lequel on travaille, on met des engins complètement autonomes dans des endroits qu’on connaît peu en fait, il faut qu’on arrive à faire des engins qui soient vraiment solides, et en même temps qu’ils arrivent à capter la subtilité des océans.
Itw Hervé Claustre : « On a une valeur scientifique qui résulte de cette acquisition par les flotteurs qui est unique et inespérée. »
Bien que la mer se montre de plus en plus agitée, les opérations se sont déroulées sans encombre. Dans quelques heures, l’équipage va traverser une intense tempête, et va devoir rester confiné pendant 2 jours. Une situation anticipée par le chef de mission, qui prévoit toujours un peu de marge dans le planning de la campagne. Car il reste encore une étape déterminante à accomplir pour la mission SOCLIM, celle de la mise à l’eau de pièges… à phytoplancton !