L’île de Jeju, tout au sud de la Corée, est connue pour ses reliefs, ses cascades, ses plages... et ses femmes : les Haenyeo - Littéralement « femmes de la mer ». Elles plongent en apnée, parfois 7 heures par jour et pêchent à mains nues, algues, mollusques et autres fruits de mer. Dans ces eaux souvent glacées, elles descendent jusqu'à 10 mètres de profondeur. Ce, même enceinte. Ou même, à l’âge de 80 ans. Des capacités hors normes façonnées par des années de pratique… et par un génome favorable. Leur corps s’est adapté. Le cœur d’abord. Il ralentit bien plus vite que la moyenne. On parle de bradycardie extrême. Une d’entre elles a même vu son rythme cardiaque chuter de 40 battements/minute en 15 secondes à peine. Un avantage certain car moins de battements veut dire moins d’oxygène consommé sous l’eau. Un effet de l'entraînement ? Certainement. Mais pas seulement ! Il s’agit aussi de génétique. L’analyse ADN révèle un génome particulièrement bien adapté à la plongée Cela se traduit par une baisse de la pression artérielle, plus précisément de la pression diastolique. Un facteur clé pour limiter les risques de complications pendant la grossesse, la pré-éclampsie notamment. Ce n’est pas tout. Les Haenyeo ont aussi une meilleure tolérance au froid. De quoi les rendre moins vulnérables à l’hypothermie. Jeju est une île longtemps restée isolée du reste de la Corée. Ses habitants y ont développé un dialecte, une culture et on le sait maintenant, une signature génétique à part. Elle se distingue de celle du continent, marquée par une prédisposition naturelle à l’apnée. Les chercheurs suggèrent que la pratique répétée de la plongée durant la grossesse aurait laissé une empreinte durable dans l’ADN de l’ensemble de la population insulaire. Chez les Haenyeo, l’entraînement quotidien et intensif pousse ces capacités physiologiques à l’extrême : Leur cœur ralentit, leur corps résiste au froid, leur pression s’équilibre. Et ce n’est pas un cas isolé ! En Asie du Sud-Est, les Bajau ont également connu des adaptations biologiques liées à la plongée. Notamment, un accroissement de la taille de leur rate. Aujourd’hui, les sirènes sud-coréennes se font rares. Des 30 000 recensées en 1950, il n’en resterait qu’entre 2000 et 3000. Mais leur héritage, lui, pourrait bien traverser les océans. Les superpouvoirs biologiques des Haenyeo pourraient devenir une piste sérieuse pour soigner l’hypertension et prévenir les AVC.
Réalisation :
Léocadie Martin
Production :
Universcience
Année de production :
2025
Durée :
2min41
Accessibilité :
sous-titres français