Après 19 mois de travail, le GIEC vient de rendre début octobre son rapport spécial sur un degré et demi de réchauffement global. Ce rapport montre quatre points-clés . La première, c'est la réalité du réchauffement climatique et ses effets, partout, pour les écosystèmes comme pour les activités humaines, en particulier, du fait de vagues de chaleur plus intenses sur terre comme en mer, et d'une augmentation de l'intensité des pluies violentes. Le deuxième point-clé, c'est le fait qu'il y a des bénéfices clairs à contenir le réchauffement en moyenne à la surface de la Terre, à un degré et demi, c'est à dire un demi degré de plus qu'aujourd'hui, plutôt que deux, ou davantage, degrés de réchauffement. Pourquoi ? Parce qu'en fait, le réchauffement va se poursuivre, plus on va renforcer un certain nombre de risques, des risques de perte ou de dégradation des écosystèmes, des risques liés aux événements extrêmes, à la montée du niveau des mers, des risques pour la sécurité alimentaire, des risques pour la santé, et des risques pour l'activité économique. Le troisième point-clé, c'est qu' il n'est pas impossible de contenir le réchauffement à un degré et demi mais ça demanderait des transitions sans précédent, dans tous les secteurs d'activité. Et puis le dernier message, c'est qu'agir pour transformer finalement les modes de vie, les manières de produire, le fonctionnement des grands secteurs d'activité, pour l'action climat, ça apporte des bénéfices immenses pour beaucoup d'autres dimensions du développement durable, en particulier, l'attention portée à la pauvreté, l'attention portée à la faim. Moi, je le résume en trois points : chaque demi degré compte par rapport aux risques climatiques ; chaque année compte, - si on passe des années sans agir, on ferme la possibilité de limiter le réchauffement à un degré et demi, et chaque année, c'est 42 milliards de tonnes de dioxyde de carbone qu'on met dans l'atmosphère aujourd'hui ; et enfin, chaque choix compte, et on peut avoir des choix qui maximisent les bénéfices pour la préservation de la biodiversité, pour sortir les gens de la pauvreté, et pour contenir le réchauffement climatique et y faire face. Si on va être en gestion de risque et éviter d'exposer les jeunes générations d'aujourd'hui à un climat qui va continuer à changer en s'accélérant, il faut agir sur la cause du problème : les rejets de gaz à effet de serre. Et on montre qu'en fait, il y a un ensemble de solutions qui sont disponibles , des solutions qui apportent des bénéfices pour la santé publique, la qualité de l'air, la qualité de vie... Et notre rapport est très clair, c'est possible de le faire, c'est possible d'accélérer, c'est possible de le faire dans tous les pays. C'est quelque chose qui est viable économiquement. Et la question, le point vraiment important, c'est d'avoir un cap, de s'y tenir et d'avoir une ambition beaucoup plus forte que ça n'est le cas aujourd'hui. Les promesses des Etats faites depuis la COP 21 jusqu'à aujourd'hui dans le cadre de l'accord de Paris, elles ne sont pas suffisantes. Elles impliquent que les émissions mondiales de gaz à effet de serre continueront à augmenter jusqu'en 2030. Et ça nous met plutôt sur une trajectoire de réchauffement planétaire de l'ordre de 3 degrés ou plus. La COP 24, c'est le moment où nous, on nous demande d'aller présenter ce rapport, de sorte à ce que les négociateurs, les représentants des différents pays, mais aussi de la société civile puissent s'en approprier les éléments. Et le but au-delà de la COP 24, c'est que dans la prochaine phase importante de l'accord de Paris qui sera en 2020, il y ait une ambition plus forte dans la stratégie des différents pays pour baisser leurs rejets de gaz à effet de serre. La seule chose qui me rendra optimiste, moi personnellement, c'est de voir les émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui ont augmenté continûment depuis la révolution industrielle, qui stagnent depuis quelques années, j'aimerais vraiment les voir commencer à diminuer le plus vite possible.