Image légendée
Feuilles de cannabis et formule chimique du tétrahydrocannabinol © Pixabay

Dans un communiqué du 17 juin, l’Académie de pharmacie dénonce la confusion entourant le terme de cannabis « thérapeutique ». 

Elle rappelle que si des extraits de plantes fournissent les principes actifs de médicaments, comme la morphine extraite du pavot, l’opium « thérapeutique » n’existe pas. Pas davantage que le cannabis « thérapeutique ».  

Elle rappelle également que quatre médicaments issus de cannabinoïdes de synthèse et d’un extrait pur de cannabis (cannabidiol) sont actuellement autorisés, mais seulement dans certaines situations cliniques :

  • Le THC de synthèse (Dronabinol/Marinol®) et un dérivé synthétique du THC (Nabilone/Cesamet®) peuvent être prescrits en gélules pour traiter les nausées et les vomissements dus à la chimiothérapie anticancéreuse et pour stimuler l’appétit. Le Marinol® dispose aussi d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) pour les indications suivantes : « douleurs résistantes aux traitements standards, affections inflammatoires du système nerveux, maladie d’Unverricht-Lundborg, stimulation de l’appétit, syndrome de Gilles de la Tourette, dystonie résistante aux traitements usuels, douleurs paroxystiques ». Le Cesamet® dispose également d’une ATU nominative à caractère dérogatoire pour être prescrit comme somnifère ou soulager des douleurs chroniques.
  • Le cannabidiol (CBD) : l’Epidyolex® est autorisé dans le cadre d’une ATU pour la prise en charge de certaines formes d’épilepsie rares et sévères.
  • L’association de deux principes actifs, le THC et le CBD : le Sativex®, sous forme d’aérosols pour des pulvérisations buccales, a obtenu en 2014 une AMM pour « le traitement symptomatique d’appoint des manifestations de la spasticité, liée à une sclérose en plaques, chez des patients insuffisamment soulagés par les traitements anti spastiques de référence ». Le service médical rendu (SMR) du Sativex ayant été jugé « insignifiant » par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), son taux de remboursement a été fixé à 15 %. À ce jour, le produit n’est pas commercialisé en France.

Enfin, la société savante des pharmaciens reprend les chiffres de la consommation du cannabis en France – qui occupe le premier rang en Europe à cet égard – et rappelle les risques associés à un usage régulier. 

En réponse à ce communiqué offensif, le journaliste et médecin Jean-Yves Nau éclaire dans son blog le contexte dans lequel intervient l’avis de l’Académie de pharmacie, qu’il juge d’un « activisme injustifiable ». Il donne également la parole au Dr Authier (CHU de Clermont-Ferrand), en charge de l’organisation de la délivrance raisonnée du « cannabis thérapeutique ».