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Les centrales électriques de la ville de Singleton, en Australie, le 4 novembre 2021 © AFP/Archives Saeed KHAN

La part du charbon a représenté pour la première fois moins de 50% de la production d'électricité en Australie durant la dernière semaine d'août, un niveau record en parallèle d'une hausse de la part des énergies renouvelables, selon des données publiques consultées mercredi.

D'après la plateforme de surveillance des données publiques du marché de l'électricité Open-NEM, le charbon a permis de produire 49,1% de l'électricité australienne durant la dernière semaine d'août, tandis que les énergies renouvelables ont compté pour 48,7%, des tempêtes ayant permis de renforcer la production d'origine éolienne.

A titre de comparaison, en 2000, plus de 80% du courant électrique australien découlait de l'emploi du charbon.

Pour autant, l'Australie reste l'un des principaux exportateurs mondiaux de charbon et de gaz. Elle dépend fortement des combustibles fossiles pour générer son électricité.

D'après l'expert de la finance du climat Tim Buckley, le plus bas atteint en août a été causé par une météo turbulente et des températures élevées pour un passage au printemps austral, qui ont réduit de jusqu'à 20% la demande.

Des vents dépassant les 150 km/h dans le sud-est du pays ont quasiment multiplié par deux la production d'électricité d'origine éolienne.

"C'est un plus bas historique pour la part du charbon sur le marché australien de l'électricité, mais c'est aussi un signe de ce vers quoi nous nous dirigeons", estime M. Buckley, affirmant que "dans quelques années seulement, la part du charbon sera pratiquement nulle".

Développement des renouvelables

Le charbon compte pour environ un tiers de la production de courant au niveau mondial, d'après l'Agence internationale de l'énergie, et la demande concernant ce combustible fossile qui contribue au réchauffement climatique a atteint un niveau record en 2022. 

D'après l'agence, pour parvenir à réduire à zéro les émissions de CO2 d'ici le milieu du siècle, toute la production d'électricité à partir de charbon sans capturer les émissions doit cesser d'ici 2040.

La plupart des 16 centrales australiennes à charbon devant fermer dans les prochaines années, le gouverneur et le secteur investissent dans les énergies renouvelables.

Canberra a dévoilé mercredi six projets pour permettre le stockage de 1.000 mégawatts d'électricité d'ici 2027 dans le pays.

Le mois dernier, le gouvernement a également approuvé les plans d'une gigantesque ferme solaire dans le nord de l'Australie.

La ministre australienne de l'Environnement, Tanya Plibersek, a expliqué que ce complexe produirait suffisamment d'énergie pour alimenter 3 millions de foyers et exporter du courant électrique à Singapour au moyen d'un câble.

D'après le ministre de l’Énergie Chris Bowen, la transition énergétique est en marche parce que "le climat l'exige, et la réalité économique" aussi.

"Nous devons mettre en œuvre des solutions adaptées maintenant, pas dans une décennie, pas dans deux décennies, pour être certains que les besoins en énergie de l'Australie seront satisfaits."

Les investissements nationaux dans le secteur des renouvelables s'accroissent, mais restent à la traîne par rapport à d'autres pays, affirme toutefois Tim Buckley.

"La Chine a dépassé l'Australie dans les renouvelables. Elle investit près de 1.000 milliards de dollars australiens (606 milliards d'euros) par an en technologie propre et en ce qui concerne les renouvelables", explique l'expert.

"La Chine installe autant de nouvelles capacités dans les renouvelables en une semaine que l'Australie ne le fait en une année", ajoute M. Buckley.

La semaine dernière, le régulateur australien de l'énergie a averti que des investissements dans le secteur étaient nécessaires pour éviter des pannes de courant dans les prochaines décennies, qui devraient voir la demande s'envoler.

En mai 2024, l'Australie avait annoncé repousser la fermeture de sa plus grande centrale électrique au charbon, expliquant qu'elle avait encore besoin de cette installation très polluante le temps d'accroître la part des renouvelables. L'imposante centrale électrique d'Eraring, dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud, devait fermer en 2025, mais le gouvernement de l’État lui a accordé une bouée de sauvetage de deux ans.