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Les tests à domicile se présentent sous la forme d’une sorte de coton-tige : on le passe dans son nez, on le place dans un tube rempli d’une solution et, si le test est positif, une bande colorée apparaît © AFP/Archives Paul Ellis

Les Français vont pouvoir vérifier eux-mêmes s’ils ont la Covid-19 avec des « autotests » en vente à partir de ce lundi dans les pharmacies. Ces tests à domicile se présentent sous la forme d’une sorte de coton-tige. On le passe dans son nez, on le place dans un tube rempli d’une solution et, si le test est positif, une bande colorée apparaît. Le résultat est rapide, moins d’une demi-heure.

Le principe de base est le même que pour les tests « antigéniques » jusqu’à présent effectués en pharmacie. Mais pour les autotests, il n’est pas nécessaire de fouiller aussi loin au fond de son nez. Les autorités sanitaires françaises estiment qu’un test doit aller au moins à trois centimètres pour être efficace, bien que certains fabricants assurent qu’il n’y a qu’à rester à la surface des narines. Comme l’ensemble des tests antigéniques, ils se distinguent, par ailleurs, des tests PCR, bien plus précis et réalisés en laboratoires : ce sont ces derniers qui servent de base au suivi de l’épidémie.

Le ministère de la Santé vient d’autoriser par arrêté leur vente en pharmacie à partir de ce lundi. Les autotests « vont se déployer progressivement dans des milliers d’officines tout au long de la semaine », a indiqué le ministre Olivier Véran dans un entretien au Journal du Dimanche.

Alors qu’il était question d’une vente en supermarchés, ce qui est par exemple le cas en Allemagne, elle sera finalement réservée aux pharmacies. Le secteur revendiquait fermement cette exclusivité et le gouvernement a finalement accédé à leur demande, la justifiant par la nécessité de pouvoir disposer des conseils d’un professionnel de santé.

Le prix est encadré : il ne pourra excéder 6 euros jusqu’au 15 mai, puis au-delà 5,20 euros. Mais la sécurité sociale ne les remboursera pas, sauf dans quelques cas particuliers. Ils seront ainsi délivrés gratuitement, sur justificatif et avec un plafond de 10 autotests par mois, aux salariés à domicile intervenant auprès de personnes âgées ou en situation de handicap, ainsi qu’aux proches accompagnant ces personnes.

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Une étudiante de l’université de Glasgow pratique un autotest pour dépister le Covid-19 dans un centre de test itinérant, le 24 septembre 2020, alors qu’un cluster a été découvert sur le campus © AFP/Archives Andy Buchanan

Sept kits sont pour l’heure homologués en France. Quatre sont produits par des groupes chinois, deux par la même entreprise suisse, Biosynex, et l’un par une société française, AAZ. 

Y a-t-il un risque de pénurie ? En Allemagne, les supermarchés ont été dévalisés dès le premier week-end d’autorisation, suscitant quelques critiques politiques. En France, « les grossistes répartiteurs devraient disposer dès lundi d’un nombre d’autotests suffisant pour que les pharmaciens d’officine commencent à en délivrer aux patients », a assuré dans un communiqué une fédération de pharmaciens, la FSPF.

Un autotest doit être sensible à 80 % pour être autorisé en France, ce qui laisse un risque élevé de ne pas être repéré même en étant porteur du virus. Qui plus est, ces tests sont particulièrement peu sensibles pour les personnes sans symptôme, alors que c’est d’abord à ce public qu’ils sont destinés : en cas de symptôme, un PCR est la règle.

Mais les autotests ne permettent pas aux autorités de suivre l’épidémie, contrairement aux tests par des professionnels qui font ensuite remonter les résultats. En cas de résultat positif, un test PCR sera donc indispensable pour le confirmer et permettre ce suivi, insistent les autorités sanitaires.

En fin de compte, ces tests sont « un outil de plus », estimait en mars Jérôme Salomon, directeur général de la santé, y voyant d’abord le moyen « de se rassurer », par exemple avant de voir des proches. Les partisans des autotests y voient un moyen de mieux limiter la circulation du virus en donnant la main aux particuliers. Les autotests « sont simples d’utilisation, ils donnent un résultat immédiat », contrairement aux PCR, et « peuvent être diffusés largement », énumérait en mars à l’Assemblée nationale le député Cyrille Isaac-Sibille (Modem).