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Masque et gel hydroalcoolique sur le bureau d’un élève dans une salle de classe à Villers-les-Nancy, le 12 mai 2020 © AFP/Archives Jean-Christophe Verhaegen

Contrairement à une idée répandue au début de l’épidémie de Covid-19, les enfants ne semblent pas être les principaux propagateurs du virus et semblent moins contagieux que les adultes, selon les conclusions de chercheurs français.

Plus de 600 jeunes enfants ont été testés du 14 avril au 12 mai pour cette recherche francilienne à paraître. Ces travaux tendent à confirmer que les enfants semblent moins infectés et moins contaminants que les adultes, contrairement à l’hypothèse qui dominait au début de l’épidémie par analogie à d’autres virus, comme celui de la grippe.

« On ne connaissait rien de ce virus il y a trois ou quatre mois » mais désormais « on sait que les enfants sont moins porteurs, ils sont moins contaminants », a déclaré vendredi sur RTL, le professeur Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l’hôpital intercommunal de Créteil et vice-président de la Société française de pédiatrie. Il a coordonné cette recherche réalisée par 27 pédiatres de ville auprès de 605 enfants, pour la plupart âgés de moins de 11 ans et avec ou sans symptômes. Avec d’autres structures de pédiatrie qui soutenaient le retour à l’école, la Société française de pédiatrie avait critiqué le 13 mai certaines précautions « inutiles voire préjudiciables » imposées aux enfants (interdiction de jouer entre eux, refus de consoler un petit…).

Jeudi, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a dit espérer que le protocole sanitaire qui encadre l’accueil des élèves dans les écoles pourra être assoupli « bientôt », même si ce ne sera pas pour tout de suite. Il était interrogé sur cette éventualité après la divulgation des premières conclusions de l’étude par le Pr Cohen dans le journal Le Parisien/Aujourd’hui en France. « Dans une région fortement affectée par l’épidémie (région parisienne) mais pendant le confinement, très peu d’enfants (1,8 %) étaient positifs » au test virologique (RT-PCR) de détection du coronavirus, écrivent les auteurs. « Mais le taux d’enfants positifs à la sérologie (les tests qui déterminent si on a été contaminé, ndlr) était plus élevé », avec 10,7 %. Pour les tests virologiques positifs, le contact avec une personne infectée par le nouveau coronavirus « était le seul facteur de risque significatif d’infection », notent les médecins.

Parmi les 65 enfants dont la sérologie était positive (présence d’anticorps), 87,3 % ont eu un contact confirmé ou suspecté de Covid-19 dans la famille, généralement un adulte, d’après l’étude. En effet, le nombre de frères et sœurs dans la famille n’a pas augmenté de manière significative la probabilité d’un résultat positif au test virologique ou de sérologie, notent les auteurs.

L’étude présente des limites, soulignent les auteurs, comme la probable surestimation de la contamination intrafamiliale en raison d’un confinement bien suivi en France, et l’éventuelle surreprésentation des familles déjà touchées par le Covid-19, « plus susceptibles de consulter et d’accepter de participer à l’étude ». Les auteurs prévoient de renouveler l’étude après la réouverture des écoles et des crèches de la région parisienne pour mieux évaluer la transmission du coronavirus chez les enfants.

Les cas pédiatriques représentent 1 à 5 % de l’ensemble des cas de Covid-19 dans le monde, selon l’agence sanitaire Santé publique France (SpF), qui ajoute que les formes graves et les décès chez eux restent exceptionnels.